Mlle J. fait partie des premiers étudiants venus du Cameroun à être mis en quarantaine à l’hôpital provincial de Farcha. Avec cinq de ses camarades, ils ont pris la décision de renter dans leur pays après la confirmation des premiers cas du Covid-19 sur le sol camerounais.

Le 23 mars, à l’entrée de N’Djamena, le véhicule transportant Mlle J. et ses camarades de l’Université de N’Gaoundéré au Cameroun est intercepté. Commence alors l’expérience inédite de la quarantaine de l’étudiante en Sciences juridiques.

Âgée d’une vingtaine d’années, Mlle J. avait décidé de regagner le Tchad avec ses camarades afin d’éviter une contamination au coronavirus. C’est après plusieurs tracasseries à la frontière Tchad-Cameroun, qu’ils parviennent à entrer au Tchad jusqu’à Moundou. Ils empruntent une voiture commerciale de cinq places avec pour destination N’Djamena. Hâte de se retrouver immédiatement en famille, rien ne s’est déroulé comme prévu. A l’entrée de la capitale, le groupe d’étudiants a été intercepté à Toukra par les éléments du sous poste de police. Ils passeront une nuit dans les locaux dudit commissariat pour être remis le lendemain aux autorités sanitaires.

À bord d’une ambulance, ils sont conduits le 24 mars dans la matinée à l’hôpital de Farcha où débutera ce que Mlle J. qualifie de « calvaire’’. Pas de structures d’accueil pour ces derniers, le personnel de l’hôpital décida d’envoyer les filles dans une salle pour qu’elles passent la nuit et les hommes passeront leur nuit dans le parking.  Selon elle, cette décision a été rejetée par les étudiants.  L’étudiante explique qu’aucune structure d’accueil  n’a été aménagée alors entre temps pour les garder. 

« Le premier jour ce sont les infirmiers de l’hôpital qui ont décidé de partager leurs nourritures avec nous et après nos parents sont contraints de nous envoyer de la nourriture tous les jours. Nous étions exposés à la contagion.  Chaque nuit la police vient déposer des personnes qui passent la nuit avec nous, et les libère tôt dans la matinée. On avait tellement peur que ces personnes ramenées par les éléments en patrouille nous transmettent facilement le virus ».

 Selon Mlle J., la prise en charge médicale durant leurs séjours est défaillante. “on dirait une prison et pas une quarantaine comme on le dit dans d’autres pays. Les contrôles sanitaires sont rares durant notre séjour on a été testé que trois fois. Au dernier jour de la quarantaine, aucun test n’a été fait, les médecins nous ont dit qu’on a épuisé les 14 jours. Quand on est rentré le 5 avril  et nous avons tenté de raconter toutes ces conditions, toute la famille est paniquée jusqu’à présent » confie-t-elle.