INTERVIEW-Le président du Conseil militaire de transition a signé un décret le 24 septembre, portant mise en place du Conseil national de transition. Un acte que le politologue et constitutionnaliste Ahmat  Mahamat Hassan trouve anormal. Selon lui, ’’le fait que l’exécutif désigne par décret le législatif, c’est aller à l’envers’’

Quelle opinion faites-vous de la liste des membres du Conseil national de transition (CNT)?

J’ai suivi comme vous le décret annonçant la composition du CNT. Première remarque, dans la représentation je crois que le président du Conseil militaire de transition a réussi. Parce que toutes les régions du Tchad sont représentées. Deuxième élément, il y a élément genre qui est représenté. Les femmes se retrouvent dans le parlement de transition. Et il y a élément génération avec les jeunes. Maintenant, l’élément politique c’est la représentation des éléments radicaux comme l’opposant historique fédéraliste, Ngarlejy Yorongar qui a accepté de siéger dans cet organe. C’est une grande prouesse pour le CNT. L’élément principal en phase transitionnelle c’est surtout la légitimité populaire… La représentation géographique du Tchad est importante. Maintenant il faut attendre le travail législatif qui est attendu de cet organe pour pouvoir se prononcer dans les faits. Dans la réalité du travail, est-ce qu’il pourra par sa contribution législative légitimer plus les organes de transition pour apaiser la recherche du consensus, la paix et la conservation de la stabilité inter-tchadiens pour qu’il y ait la tolérance nous permettant d’aller aux élections.

Comment appréciez-vous le fait que le Conseil militaire de transition soit mise en place avant la tenue du dialogue national ?

A mon avis en tant que constitutionnaliste, la logique aurait voulu qu’on puisse aller au dialogue national inclusif pour donner plus de légitimité. Parce que le fait que l’exécutif désigne par décret le législatif, c’est aller à l’envers. Dans la subordination politique, c’est le législatif qui est supérieur à l’exécutif, parce qu’il contrôle l’action de l’exécutif, il vote les lois qui légalisent la gestion de l’Etat, il représente la nation. Maintenant c’est le contraire qui s’est passé, et tout est mis dans la situation exceptionnelle du Tchad. Maintenant, si la désignation apaise les esprits et puisse renforcer le consensus et la paix, les questions de séparation de pouvoir ou de principe notamment l’exécutif ne doit pas désigner le législatif.  

Etant mis sur pied, quel rôle le Conseil national de transition (CNT) va-t-il jouer au dialogue national inclusif ?

Je ne suis pas dans les secrets du président du CNT et ses collègues ou des membres du gouvernement. Je pense qu’on a le Premier ministre qui a été désigné avant la transition, qui est contesté à gauche, à droite mais qui est aussi adoubé. De l’autre côté nous avons cet organe législatif qui est mis en place. N’oubliez pas, le CMT dès sa mise en place a connu beaucoup des contestations travers le Tchad et l’Afrique. Au Tchad, c’était même virulent avec beaucoup de manifestations dans les rues. C’est vrai la contestation continue mais je pense que les actes me semblent réfléchis. Et cette réflexion pourrait, réduire les contestations, rapprocher le CMT vers la sortie honorable permettant aux organes de transition d’être à la fin de la transition des organes à saluer plutôt que des organes à qui il faut jeter la pierre.

Qu’adviendra-t-il si les politico-militaires veulent intégrer cette équipe ?

La désignation étant faite par décret, il est plus simple de le modifier. Le dialogue va légitimer le CMT et le gouvernement. Et tout cela, le résultat c’est la légitimation du CMT pour éviter qu’on retombe dans les histoires de coup d’Etat. Si le dialogue se fait, le CMT va être présent. Maintenant si les politico-militaires acceptent, bien sûr ce serait l’attribution. Au prix de la paix rein n’est fermé. Toutes les portes peuvent être rouvertes.