N’DJAMENA, 1er décembre (Xinhua) — Le président tchadien Idriss Déby Itno a ordonné lundi au gouvernement de retirer la loi portant code pastoral, adoptée par la majorité parlementaire il y a trois semaines et qui continue de diviser l’opinion nationale.

“Après avoir pris connaissance du texte, j’ai demandé au gouvernement de préconiser une autre forme plus conciliante, susceptible de favoriser la cohabitation pacifique entre éleveurs et agriculteurs”, a indiqué le chef de l’Etat tchadien à l’occasion des festivités marquant le vingt-quatrième anniversaire de son arrivée au pouvoir.

L’Assemblée nationale tchadienne, dominée par le Mouvement patriotique du salut (MPS, au pouvoir), avait adopté le 11 novembre dernier, en seconde lecture, la loi portant code sur le pastoralisme, au grand dam d’une cinquantaine d’élus de l’ opposition qui ont boycotté la séance et des partis alliés qui se sont abstenus.

Les opposants au code, qui ont réussi à obtenir l’annulation de la loi adoptée en première lecture début juillet 2014, critiquent son inopportunité et dénoncent plusieurs de ses dispositions: notamment l’obligation faite aux paysans de clôturer et de surveiller le jour leurs champs et la possibilité donnée aux éleveurs transhumants du nord d’arriver dans le sud agricole avant la moisson.

Autant de dispositions qui, selon eux, vont exacerber les conflits entre les éleveurs et les agriculteurs qui sont devenus très récurrents ces dernières décennies, avec leur corollaire de pertes en vies humaines et d’énormes dégâts matériels.

Les contestataires, appuyés par les médias et les organisations de la société civile, n’ont cessé de réclamer un toilettage profond du texte qui prenne en compte les points de vue de tous les acteurs ruraux.

“L’agriculture et l’élevage constituent les deux mamelles de notre économie. L’agriculteur et l’éleveur sont complémentaires”, a réaffirmé le président Déby, avant d’exhorter les hommes et femmes politiques d’arrêter cette “mascarade”, cette “politique politicienne” qui consiste à diviser les acteurs de ces deux entités nourricières du pays.