Selon l’accord de principe de Libreville suite aux négociations centrafricaines du 9 au 11 janvier dernier, le président de la République doit immédiatement dissoudre le gouvernement et mettre en place un gouvernement d’union nationale dont le Premier ministre sera d’office issu de l’opposition démocratique. D’un commun accord, les leaders de l’opposition ont porté leur choix sur Me Nicolas Tiangaï pour être le chef du gouvernement et Bozizé hésite encore.

Et pourtant, ce n’est pas une condition, la nomination d’un Premier ministre issu de l’opposition. Et pourtant le choix de Me Nicolas Tiangaï est le vœu consentant de ses pairs de l’opposition. Pourquoi Bozizé s’entête et hésite à confirmer ce dernier à la primature ? Répondre à cette question demanderait de faire le tour du degré de collaboration entre les deux hommes en présence dans la sphère politique centrafricaine.

Me Tiangaï est un opposant, président du parti Convention républicaine pour le progrès social (CRPS). Il est aussi le coordonnateur du Front pour l’annulation et la reprise des élections de 2011 (FARE-2011) mis en place, juste après ces élections, avec l’initiative du défunt président Feu Ange Félix Patassé dont le but justement est d’obtenir l’annulation des élections qui ont conduit Bozizé aux affaires. Ses prises de positions sont radicales, au point qu’il est devenu insupportable pour le régime de Bozizé à la différence des autres opposants qui mettent de l’eau souvent dans leur vin. L’on se souviendra que pour des questions de dérapages et insuffisances de la CEI (Commission électorale indépendante) constatées dans l’organisation des dernières élections centrafricains, Me Tiangaï est le premier à demander à ses candidats à se retirer.

Par contre Bozizé qui s’est inscrit dans une dynamique de tout ou rien, n’entend pas un seul instant, mettre à contribution ses amis du contre-pouvoir. C’est ainsi que lorsqu’il a été question de dialoguer avec les autres forces vives de la nation après les élections très contestées de 2011, il n’a pas voulu. Même lorsqu’il a été question de constituer le gouvernement, il a coopté des flottants opposants qui ont démissionné au sein de leurs partis, c’est-à-dire ayant perdu le statut d’opposants, pour en faire les membres du gouvernement au nom de l’opposition. C’est tout de même ce qu’il a fait avec les politico-militaires où il a évité de discuter avec les vrais responsables des mouvements dont l’une des conséquences flagrantes a été la naissance de Séléka.

Le contraste d’idée entre quelqu’un qui veut tout et le principe du partage de pouvoir ont bloqué Bozizé dans le choix du premier ministre qui doit conduire le gouvernement d’union nationale à mettre en place. Si un nom autre que celui de Tiangaï était proposé, la tâche aurait du être facile à Bozizé. Les leaders de l’opposition ayant compris le jeu, l’ont pris en étau en lui proposant un seul nom, celui de Me Tiangaï. Et Bozizé hésite. Il a fourni la raison selon laquelle, il attend seulement l’arrivée de la délégation de Séléka qui devrait elle aussi présenter deux candidats, afin qu’il choisisse le premier ministre. Entre temps, l’ex-premier ministre Faustin Archange Touadéra a été démis, le 12 janvier dernier de ses fonctions. Tout le peuple centrafricain est debout, attendant impatiemment la nomination de son premier ministre

 

Source : Afrikom.com