COMMERCE – Au deuxième jour de la grève lancée par les tenanciers des débits de boissons, les consommateurs tchadiens ont envahi ce samedi les bars de la ville camerounaise voisine.

Il est 11h43mn, nous voici à la frontière Tchad- Cameroun. Sur le pont de Ngueli, des véhicules font la queue d’un côté pour des formalités afin de traverser et de l’autre des piétons qui se bousculent dans les deux sens du pont. À l’entrée de la ville camerounaise, Kousseri, située à quelques kilomètres, les hommes en treillis interceptent certaines personnes pour demander les pièces d’identité. Les conducteurs des motos taxi se frottent les mains pour accueillir les clients. « Oh conduis- moi là où l’ambiance est de taille », lance un client à un conducteur.

Dans les bars et alimentations, les débats tournent au tour de la grève des tenanciers des débits de boisson à N’Djamena. « Ah bon toi aussi tu t’es refugié ici ? » lance surpris un monsieur. « Suis obligé », répond l’autre. Chacun fait sa commande,  la bière commence à couler  à flot. Les parkings sont bondés des véhicules d’immatriculation tchadienne. Les prix des bières sont revus en hausse. 750 au lieu de 600 comme auparavant. Les maquis sont remplis des Tchadiens. Les affaires sont au rendez-vous.

« C’est de l’argent qu’on donne au Cameroun. Même les brasseries du Cameroun payent les taxes mais la bière ne coûte pas comme ont fait celles du Tchad. Il faut que les brasseries du Tchad acceptent de payer c’est mieux », implore un Tchadien rencontré dans un maquis. Les débats dans les maquis sont en grand partie en Ngambaye ou en arabe (les langues les plus parlées au Tchad).  (Si y’a élection aujourd’hui, centre de N’Djamena Deby perd parce que tous les N’Djamenois sont ici à Kousseri) balance un monsieur vu l’engouement des Tchadiens dans coin.

De retour à N’Djamena, l’on constate un silence de cimetière. Les coins les plus ambiancés sont restés hermétiquement fermés. Les gérants des bars n’acceptent que ceux qu’ils connaissent. Vivement  que les antagonistes trouvent une solution dans un bref délai. Sinon cet exil risque de jouer fort négativement sur l’économie tchadienne chancelante.