Les avocats de Yaya Dillo ont tenu ce 1er juin un point de presse à la Maison des Médias de N’Djamena. Point de presse visant à apporter des éclaircissements sur les actions intentées en justice contre leur client et en réponse à la sortie médiatique des avocats de la Fondation grand cœur et de Mme Hinda Deby Itno.

« La présente déclaration vise à lever le doute et apporter des éclaircissements, à l’opinion publique tant nationale qu’internationale, par rapport aux agitations qui sont fomentées dans cette affaire, qui n’a aucun caractère spécifique ou particulier », a lâché le collectif d’avocats pour le compte de M. Yaya Dillo Djerou lors d’un point de presse.

Le 11 mai, une plainte a été déposée contre  leur client pour « injures et diffamation hors voie de presse » par la fondation Grand cœur et Mme Hinda Deby Itno. Dans une publication vidéo, Yaya Dillo Djerou, fonctionnaire de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC), a critiqué des supposés interférences de la fondation et de sa présidente Hinda Deby Itno dans la gestion des affaires de l’Etat, notamment la gestion de la riposte contre le coronavirus.

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Les avocats de la fondation Grand cœur et de la première dame ont dans un point de presse tenu le 29 mai, critiqué le « laxisme de l’administration judiciaire » qui aurait retardé l’audition de M. Yaya Dillo.

Pour Me Djouhinet  Frederic Dainonet, Me Nanasra Nanadjingué et Me Max Loalngar qui défendent M. Yaya Dillo, la sortie de leurs confrères présage d’autres choses. « Nous comprendrons tous aisément, qu’il s’agissait de faire plaisir à certaines personnes plutôt qu’un véritable souci du bon fonctionnement de la justice. On pourrait même se demander s’il n’y a pas une tentative d’intrusion dans l’exercice du pouvoir judiciaire ? » S’étaient-ils interrogés avant de préciser qu’en raison du statut de diplomate et de fonctionnaire international, leur client dispose d’une immunité « même s’il est vrai qu’il a été suspendu de sa fonction de représentant de la CEMAC au Tchad, cela ne lui ôte pas son statut de fonctionnaire de la Communauté dans la mesure où son contrat est toujours en cours ». Par conséquent, et en application des textes de la CEMAC, Yaya Dillo « ne peut être convoqué par voie ordinaire ».

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Le collectif d’avocats explique qu’en raison du frottement entre les différents textes applicables en la matière, « il est tout à fait normal que les autorités en charge des poursuites soient prudentes et pointilleuses afin d’éviter la violation des textes de la Communauté dont le Tchad fait partie intégrante. Sinon cela serait une remise en cause de la décision de la Conférence des Chef d’Etat de la CEMAC. Ce qui créera un précédent fâcheux ».

Enfin, les avocats précisent que « le Tchad a ratifié la Déclaration universelle des droits de l’Homme qui reconnait à tout être humain le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions, ainsi que la liberté d’expression », clamant au passage « qu’il n’y a aucun propos injurieux utilisé » dans la vidéo.