Depuis quelques jours, la guerre semble déclarée entre Hicham Ibni Oumar et la direction du PLD (Parti pour les libertés et le développement), parti dont son père fut le premier secrétaire général. Hicham a-t-il l’intention de reprendre le flambeau laissé par son père ?

La prise du pouvoir par Mahamat Idriss Déby Itno à la suite du décès tragique de son père en avril 2021 a été qualifiée de dévolution dynastique du pouvoir par bon nombre de Tchadiens. Mais ce n’est pas seulement à la tête de l’Etat qu’un enfant remplace son père. Ces cas tendent à se généraliser ces dernières années à la tête des partis politiques tchadiens.

Est-ce que c’est ce qui se dessine au Parti pour les libertés et le développement (PLD) ? Ce parti fondé en 1993 avait pour premier secrétaire général le professeur Ibni Oumar Mahamat Saleh. Celui qui fut un temps le porte-parole de l’opposition démocratique tchadienne est porté disparu lors de la percée des rebelles dans la capitale en février 2008 sans que les circonstances de sa disparition ni ce qui lui est arrivé ne soient élucidées.

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Finalement, c’est Mahamat Ahmad Alhabo, entré au gouvernement en mai 2021 en tant que ministre de la Justice, qui lui a succédé à la tête du parti. Mais en mémoire d’Ibni, le PLD commémore chaque année la « journée des martyrs » à la date anniversaire de sa disparition, c’est-à-dire le 3 février.

Cette année, pour des raisons d’organisation, la date a été repoussée au 26 mars. Finalement, la commémoration sera encore repoussée sine die. Choqué, le fils aîné du mathématicien, Hicham Ibni Oumar, fait une déclaration à la presse pour fustiger, selon lui, les dysfonctionnements au sein du parti et appeler à l’organisation d’un congrès d’ici mai, avant le dialogue national inclusif prévu le 10 dudit mois. Il a également évoqué un renouvellement au sein du parti.

Hicham Ibni Oumar

Dans un communiqué, la direction du parti a martelé qu’Hicham, accompagné d’un groupe « hétéroclite » veut « déstabiliser » le parti.

Celui qui dirige la Banque de l’habitat du Tchad (BHT) souhaite-t-il prendre la suite de son père porté disparu depuis 14 ans ? En tout cas, ce ne serait pas la première fois sur la scène politique tchadienne.

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L’on se rappelle qu’après la mort de Kamougué Wadal Abdelkader en mai 2011, une guerre de succession a éclaté au sein de l’Union pour le renouveau et la démocratie (URD). Son fils, Eric Kamougué, s’est dressé face aux compagnons de son feu père. Mais il va finir par perdre à la justice. Après un intérim assuré par Sandé Ngarnoudjibé, Félix Romadoumngar sera désigné lors d’un congrès en 2015, président du parti. Débouté, le fils du lion du Sud créera sa propre formation politique, l’Union pour le renouveau démocratique du Tchad (URDT).

Si Eric, après une farouche bataille, n’a pas pu déboulonner les dinosaures du parti de son feu père, d’autres ont réussi à le faire. Il s’agit notamment de Lydie Beassemda et d’Alixe Naïmbaye.

Après le décès de Beassemda Julien Djebaret en 2018, sa fille, Lydie Beassemda, s’est opposée aux anciens, notamment l’ex-député Mbaïdesmel Dionadji. L’ex-ministre de l’Agriculture ou encore de l’Enseignement supérieur a remporté le bras de fer et s’est hissé à la tête du Parti pour la démocratie et l’indépendance intégrales (PDI).

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Alixe Ndolenodji Naïmbaye, quant à elle, a mis du temps avant « d’arracher » le parti de son défunt père, Mbaïlaou Naïmbaye Lossimian. En effet, après la mort du président fondateur de l’ARD (Action pour la République, la démocratie et le développement), c’est Abdoulaye Mbodou Mbami qui a été élu lors d’un congrès en 2012 pour prendre sa suite. Mais quelques années plus tard, l’actuelle secrétaire d’Etat aux Finances et au Budget, engage un bras de fer et réussit à prendre la tête de l’ARD.

Hicham Ibni Oumar souhaite-t-il suivre leurs pas ? Un avenir proche nous le dira. Car, dans sa réplique concernant la demande de l’organisation d’un congrès, la direction du PLD a indiqué que le dernier congrès ayant eu lieu en novembre 2018, le prochain congrès ne peut se tenir au plus tôt qu’en novembre 2022 (le congrès se tient tous les quatre ans) et qu’un comité d’organisation est déjà mis en place à cet effet. Attendons donc de voir si Hicham sera candidat et, surtout, s’il réussira à se faire élire à la tête du parti pour succéder à son père après les intermèdes Jean Baptiste Laoukolé et Mahamat Ahmat Alhabo.