Le regroupement de partis politiques et de personnes ressources Une nation pour tous (UNPT) se voulait être une alternative au MPS et « espérait bouleverser le paysage politique tchadien ». Mais la coalition n’a pas résisté aux sirènes du DNIS et aux dissensions qui s’en sont suivies.

Lors du lancement d’Une nation pour tous (UNPT) le 16 décembre 2021, le site Internet de Jeune Afrique posait la question de savoir si la nouvelle formation « peut peser sur le cours de la transition et influencer les choix de Mahamat Idriss Déby ». Moins d’un an après, la réponse tombe comme un couperet. L’alliance de 7 partis politiques et des noms ronflants de la politique tchadienne n’a pas résisté au noyautage de ses troupes et a subi les conséquences de ses dissensions internes (survenues en septembre) quant à une participation au DNIS.

La coalition UNPT se composait de :

  • Mouvement pour le réveil et la révolution sociale (MRRS),
  • Parti Assalam pour la patrie (PAP),
  • Parti les Verts pour le développement (PVDV),
  • Parti national républicain (PNR),
  • Parti populaire pour la justice et l’égalité (PPJE),
  • Union des nationalistes pour le changement (UNC)
  • Union des nationalistes pour le changement au Tchad (UNCT), le seul à ne pas être allé au DNIS)
  • Une cinquantaine de personnes ressources considérées comme des pointures de la politique tchadienne.

Le Mouvement des peuples unis pour la démocratie (MPUD) a rejoint l’initiative quelques mois après son lancement.

Un courrier très explicite adressé au ministère de la l’Administration du territoire et de la Décentralisation daté de ce 7 novembre annonce « la dissolution du regroupement des partis politiques et des personnes ressources » qu’est l’UNPT à la suite d’une Assemblée générale extraordinaire tenue le 4 novembre. Le courrier que Tchadinfos a consulté argue que cette décision est consécutive « au non-respect par les partis politiques de la charte et particulièrement des ses articles 12 et 13 relatifs aux fautes graves ».

Quelles sont ces fautes qui ont précipité la fin de l’union ?

La pomme de discorde a été le choix unilatéral et sans consultation de 7 des 8 formations politiques de participer au Dialogue alors que la position officielle était connue depuis le mois de mai. La coordination de l’UNPT plaidait pour une inclusivité réelle. « Nous exigeons l’organisation d’un véritable dialogue et que la composition soit paritaire et équitable ; la définition dans la transparence et dans un cadre bipartite des critères de choix des participants au dialogue national inclusif et souverain » avait précisé Abdelsalam Chérif, coordonnateur du mouvement.

Dissolution inéluctable

Le 26 septembre, après une rencontre la veille avec le Président du Conseil militaire de transition, les 7 ont donc rejoint le Palais du 15 janvier et pris place parmi les participants. Au micro de Télé Tchad, le rapporteur de l’époque de l’UNPT, Hassan Baba a justifié cette volte-face en affirmant : « L’avenir du Tchad se joue ici et si on a notre mot à dire il faut qu’on le dise ici. (…) après maintes réflexions et même s’il y a certaines choses qui sont bancales il faut qu’on assiste parce que comme on dit souvent, ce sont les absents qui ont tort. »

Mais voilà, la coordination de l’UNPT estime que cette décision n’a pas été concertée et par conséquent elle n’engage pas le regroupement. De réunion en réunion, de communiqué en contre communiqué, de suspension de coordonnateur en réhabilitation… la rupture entre les organes de décisions et les 7 était consommée. La dissolution que nous apprenons aujourd’hui était par conséquent inéluctable.

Les raisons de la périclitation de l’UNPT sont à rechercher entre cupidité et manque de leadership

Cupidité tout d’abord : on ne peut imaginer que cette désolidarisation soudaine ait été dénuée de tout marchandage. Le fait que les « sécessionnistes de l’UNPT » ait rencontré des pontes du régime la veille de l’officialisation de leur participation au DNIS n’est pas fortuite. Le CMT, en phase avec cette realpolitik qui a marqué ses 18 mois de transition, qui cherchait des ralliements tous azimuts pour estampiller une marque populaire au DNIS ne se serait pas privé de vider les rangs de cette opposition proche de Wakit Tamma.

Crise de leadership ensuite : l’UNPT paye l’originalité de son organisation interne qui s’articulait autour d’une coordination (qui après tout n’avait qu’un rôle administratif et de représentation). Aucun parmi ceux qui pouvaient vêtir le costume de leader ne s’est affiché ouvertement. Ce que l’on peut considérer comme de la naïveté de leur part. Et forcément ces calculs politiciens ont laissé la porte ouverte aux initiatives personnelles.