La plupart des sondés sont favorables au contrôle de la monnaie unique sous-régionale par leurs Etats et rejettent la tutelle européenne, rapporte l’agence Ecofin.
L’écrasante majorité des citoyens d’Afrique de l’Ouest et Centrale francophone sont favorables à l’adoption d’une monnaie sous-régionale unique qui doit être placée exclusivement sous le contrôle total des Etats, selon un sondage publié en juillet 2022 par le réseau panafricain de recherche Afrobarometer.
Intitulé « L’intégration monétaire sous-régionale est souhaitée par les citoyens d’Afrique de l’Ouest et Centrale francophone », ce sondage révèle par exemple que 93% des Togolais approuvent l’adoption d’une monnaie unique dans les pays membres de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) pour faciliter l’intégration et les échanges dans la sous-région. Cette forte adhésion reste présente à tous les niveaux socio-démographiques avec de petites variations. Elle décroit légèrement avec l’âge, alors qu’elle croit plutôt avec le niveau d’instruction et le niveau de pauvreté.
7% des Togolais seulement n’approuvent pas la création d’une monnaie unique sous-régionale. La création d’une monnaie unique sous-régionale est également souhaitée par les citoyens sondés au Gabon (89%), au Cameroun (88%) et en Côte d’Ivoire (82%).
Le sondage, dont les marges d’erreur se situent à +/-3% à un niveau de confiance de 95%, précise d’autre part que la grande majorité (91%) des Togolais sont favorables au contrôle de la monnaie unique sous-régionale par les Etats et non par « des puissances étrangères comme la France ».
Les hommes (94%) et les urbains (93%) sont plus enclins que les femmes (88%) et les ruraux (89%) à soutenir un contrôle exclusif de la monnaie sous-régionale par les Etats membres. Le niveau d’instruction semble être positivement corrélé avec ce soutien.
Au Cameroun, 84% des personnes sondées sont favorables à un contrôle exclusif de la monnaie sous-régionale par les Etats contre 81% en Côte d’Ivoire.
Les Togolais accordent par ailleurs une totale confiance (90%) aux pays de la sous-région pour la gestion de la monnaie sous-régionale. Seulement 7% ont des doutes sur cette capacité.
Sur un autre plan, près de 9 Togolais sur 10 (87%) pensent que le franc CFA profite plus à la France qu’aux pays membres de la zone franc, et devrait être remplacé. Cette perception est plus prononcée chez les hommes (89%) que chez les femmes (84%).
Dans ce chapitre, 81% des Gabonais estiment, eux aussi, que le franc CFA profite plus à l’ex-puissance coloniale qu’aux pays membres de la zone franc et devrait être remplacé.
Afrobarometer conclut que les sondages menés dans des pays d’Afrique de l’Ouest et Centrale francophone montrent une « convergence de vues » sur l’intégration monétaire au niveau -régional. « Ces positions très marquées dans tous les pays où des données ont été recueillies montrent que, pour l’Afrique de l’Ouest, les pays devraient accélérer leurs efforts pour enfin donner vie à une monnaie sous-régionale. En Afrique Centrale francophone, même si le processus de la monnaie unique n’est pas encore évoqué, les populations de ces pays semblent également en percevoir les bénéfices et remettent en cause l’attachement actuellement du franc CFA à la France », souligne le réseau indépendant de recherche par sondage.