Dans son dernier rapport d’octobre 2019 relatif aux perspectives économiques, le FMI indique que les pays de l’Afrique subsaharienne doivent “faire face à l’incertitude”. Qu’en est-il du Tchad ?

Comment va le Tchad ? À l’instar d’autres pays de l’Afrique sub-saharienne, le pays de Toumaï va connaître une “croissance plus lente que prévu”. Le Fonds monétaire international (FMI) explique, dans un rapport présenté fin octobre, que cette situation se justifie notamment par “une conjoncture extérieure plus difficile” et “des perturbations persistantes de la production dans les pays exportateurs de pétrole”.

Pour ce qui concerne le Tchad, le FMI relève les éléments ci-après :

1. Le Tchad présente « un risque élevé de surendettement »

Malgré une certaine stabilité de la dette publique rapportée à son Produit intérieur brut (PIB) autour de 55 % en moyenne en Afrique sub-saharienne, le FMI prévient que le Tchad présente « un risque élevé de surendettement ». Huit autres pays se trouvent dans la même situation : le Burundi, le Cap Vert, le Cameroun, l’Éthiopie, le Ghana, la République centrafricaine, la Sierra Leone et la Zambie.

Le rapport souligne toutefois qu’il existe des mesures à moyen terme pour renforcer la résilience et rehausser la croissance à plus long terme. Ce qui sous-entend qu’il faut « promouvoir la mobilisation des recettes intérieures », en supprimant « le large éventail d’exonérations ». D’autant qu’au Tchad, « les capacités des services fiscaux restent médiocres et la gouvernance est sujette à préoccupation (…). L’informel constitue un pan important pour l’économie et, les obligations fiscales sont peu respectées ».

2. Le Tchad est confronté à « l’accumulation cyclique d’arriérés »

Selon le rapport du FMI, « l’accumulation cyclique d’arriérés » au Tchad s’explique entre autres par « la chute spectaculaire des cours du pétrole en 2014 et 2015 ». Malgré les politiques visant à ajuster le budget ou à prélever les sommes dans les réserves, cela n’a pas suffi à arranger cette situation.

Le Tchad fait partie ainsi des pays ayant peu d’espace budgétaire et de leviers d’action, selon le FMI. Ce qui se caractérise « habituellement par de faibles amortisseurs, une capacité d’ajustement restreinte et une gestion déficiente de ses finances publiques ».  Les auteurs du rapport suggèrent donc « un financement extérieur » pour « faciliter la transition, surtout lorsque le choc est temporaire et que les systèmes de gestion des finances publiques sont en cours de renforcement ».

3. Les prévisions de croissance au PIB réel à la hausse

Le FMI prévoit une croissance au PIB réel à la hausse en 2020 pour le Tchad : elle passerait de 2,3 en 2019 à 5,4 l’année prochaine. Et le prix à la consommation resterait stable autour de 3 % contre 4 % en 2018.

Mais l’institution de Bretton Woods alerte tout de même que si rien n’est fait comme réajustement efficace pour endiguer la situation, le pays risque de retomber dans la crise de manière plus drastique.

Noudjimadji Perline et Bactar Frank I.