À N’Djamena, une partie des personnes arrêtées lors de la manifestation du 20 octobre et incarcérées à Koro Toro a été relâchée le 11 décembre dernier. L’une d’elles raconte leur calvaire de l’arrestation à la prison de haute sécurité située dans le désert tchadien.

« En route, nous étions environ 140 personnes dans le véhicule. On avait soif, on leur demandait de l’eau à boire mais ils nous refusaient. Les militaires nous ont dit qu’ils n’avaient pas l’ordre de nous donner à boire. Beaucoup d’amis ne pouvant pas supporter, étaient obligés de boire l’urine de leurs prochains », témoigne Florent.

Ce jeune d’une vingtaine d’années a été arrêté le 20 octobre à N’Djamena. « Nous étions à l’intérieur et un groupe de militaires était venu casser la porte et entrer dans la chambre pour nous arrêter ». Selon lui, ils avaient mis 48 heures au commissariat central de N’Djamena, puis transférés au Commissariat d’ordre public numéro 12 avant d’être déportés à la maison d’arrêt de Koro-Toro.

Arrivé à la prison de Koro-Toro à 600 kilomètres de N’Djamena, les conditions de détention n’ont pas été facile selon lui. « Le jour suivant on était vraiment faibles, même trouver à manger c’était difficile. On nous donnait juste une petite quantité de bouillie qui n’atteint pas un verre. On était obligé de prendre cela pendant trois jours».

Il ajoute que « beaucoup d’entre nous étaient tombés malades, et n’avaient pas de médicaments pour se soigner. Ceux dont leur état de santé ne tenait pas sont transférés à Moussoro, certains à N’Djamena ».

Après avoir passé un mois et 9 jours, ces personnes arrêtées ont été jugées. L’annonce du procès a été faite par le procureur de la République près le tribunal de grande instance de N’Djamena qui précise qu’il s’agit d’une audience foraine. Selon Florent, c’est une parodie. « On t’appelle, moi par exemple j’étais dans un groupe composé d’environ 26 personnes. Ils nous appelaient par nom pour se présenter devant le juge. Le juge demande à chacun de nous pourquoi tu es ici? Et parmi nous beaucoup de personnes ont été arrêtées chez elles, les autres ont été arrêtées à l’heure du couvre-feu. Quand on prononce un mot, ils disent que nous sommes des manifestants. Nous n’avons pas de moyens pour nous défendre et ils font leur volonté. Nous autres avons la chance d’être condamnés avec sursis ».

Le 11 décembre dernier, 139 personnes ont été relâchées par le Tribunal de grande instance de N’Djamena. Parmi ces personnes, 59 sont celles qui ont été purement et simplement relaxées pour faute de preuve, les 80 autres sont celles condamnées de 1 à 2 ans d’emprisonnement avec sursis. La libération s’est déroulée au ministère de la Justice après un appel nominatif.