L’ambassadeur du Ghana au Burkina Faso a été convoqué à une « audience urgente » au ministère des Affaires étrangères, alors que l’ambassadeur burkinabè en poste à Accra a été lui aussi rappelé « pour consultations ».
Le ministère burkinabè des Affaires étrangères a exprimé le vendredi 16 décembre, sa « désapprobation » envers les propos du président ghanéen, Nana Akufo-Addo, selon lesquels Ouagadougou s’est adjoint les services du groupe paramilitaire russe Wagner pour l’aider à combattre les groupes jihadistes.
« Le ministre délégué chargé de la Coopération régionale, Karamoko Jean Marie Traoré, a traduit la désapprobation du gouvernement burkinabè envers ces déclarations du chef de l’État du Ghana », a indiqué le ministère dans un communiqué publié à l’issue d’une audience accordée par Karamoko Jean Marie Traoré à l’ambassadeur du Ghana au Burkina Faso, Boniface Gambila Adagbila.
L’Agence d’information officielle burkinabé a rapporté que l’ambassadeur du Ghana au Burkina a été convoqué à une « audience urgente » au ministère des Affaires étrangères. L’AIB a également indiqué que l’ambassadeur burkinabè en poste à Accra a été rappelé « pour consultations ».
Lors de son entretien avec Karamoko Jean Marie Traoré, Boniface Gambila Adagbila a assuré que les propos de son président « ne visaient pas à condamner le Burkina Faso ni à semer le doute dans les esprits ».
« L’intention était surtout d’attirer l’attention des partenaires afin de susciter un grand intérêt à l’endroit du Burkina Faso. Du reste, les propos du président ghanéen étaient au conditionnel », a ajouté l’ambassadeur, cité dans le même communiqué.
En réponse aux explications de l’ambassadeur ghanéen, Karamoko Jean Marie Traoré a estimé que le « Ghana aurait pu entreprendre des échanges avec les autorités burkinabè sur la question sécuritaire afin d’avoir les bonnes informations ». Il a relevé par ailleurs qu’« il aurait été plus intéressant d’initier un dialogue entre les pays africains participants et non participants en prélude à ce sommet des États-Unis d’Amérique ».
Lors d’une entrevue avec le secrétaire d’État américain Antony Blinken à Washington, où il participait au sommet USA/Afrique, le président ghanéen a accusé le Burkina Faso d’avoir « conclu un accord avec le groupe Wagner pour l’aider à combattre les groupes djihadistes » et de lui avoir « offert une mine située près de la frontière ghanéenne en guise de paiement ».
Plusieurs rumeurs de rapprochement entre la junte au pouvoir au Burkina Faso et le groupe Wagner circulent depuis le coup d’État du 30 septembre, qui a porté au pouvoir le Capitaine Ibrahim Traoré, alors que le pays fait face à une recrudescence des attaques terroristes.
Suite à une marche organisée fin septembre à Ouagadougou par des partisans du coup d’État qui réclamaient une coopération plus étroite avec Moscou, le Premier ministre burkinabè, Apollinaire Kyélem de Tembela, n’a pas exclu de collaborer avec le pays de Vladimir Poutine dans la lutte antiterroriste.
« Nous coopérons avec la Russie depuis longtemps. C’est en 1967 que les relations ont été nouées entre l’ex-URSS et la Haute-Volta, et nous n’avons pas attendu ces marcheurs pour avoir une coopération avec la Russie. Peut-être qu’avec la nouvelle donne [sécuritaire, Ndlr.] nous examinerons de nouveau nos rapports avec la Russie pour voir s’il faut les renforcer dans un secteur ou pas, s’il faut les réorienter dans l’intérêt du Burkina Faso et dans le respect de sa souveraineté », avait-il dit.
Avec l’agence Ecofin