N’DJAMENA, 31 mai (Xinhua) — Les organisations humanitaires éprouvent d’énormes difficultés pour apporter de l’aide à plus de 100.000 personnes ayant fui les violences en République centrafricaine pour se réfugier au Tchad depuis 2013. Et le sous-financement continue d’entraver leur capacité de fournir la réponse aux besoins vitaux.

“Au 19 mai, 101.679 personnes ont été enregistrées au Tchad fuyant les violences en République centrafricaine (RCA) voisine depuis la fin décembre 2013. Quelque 62.770 de ces personnes vivent actuellement sur les sites de transit, les sites spontanés et les communautés d’accueil au sud du Tchad et sur le site de Zafaye au quartier Gaoui de N’Djamena. 28.989 retournés tchadiens ont été transportés à leurs destinations finales”, indique un rapport produit par OCHA Tchad en collaboration avec les partenaires humanitaires.

Selon une estimation, plusieurs milliers de personnes supplémentaires qui seraient arrivées au Tchad depuis décembre dernier n’ont pas été enregistrées. Elles étaient arrivées dans des zones sans présence humanitaire permanente. Les rapports des acteurs humanitaires indiquent que plus de 10.000 personnes vivant dans des communautés d’accueil, dans différents villages des régions du Logone Oriental et du Mandoul, le long de la frontière avec la RCA et bien d’autres, auraient rejoint les camps des refugiés et les communautés existants. De plus, les autorités ont signalé la traversée de la frontière d’environ 7.500 personnes de la RCA dans la région du Salamat. Une mission de vérification menée récemment par le HCR n’a pas pu confirmer ces arrivées.

“Au cours des deux derniers mois, le rythme des nouvelles arrivées a diminué à moins d’une centaine de nouveaux enregistrements par jour, comparé aux 3.000 personnes au pic de la crise début janvier. Cependant, les récents affrontements entre groupes armés de l’autre côté de la frontière centrafricaine ont, à maintes reprises, poussé jusqu’à 700 personnes à traverser la frontière, par jour, vers le Tchad”, précise le document.

Les acteurs humanitaires signalent la présence d’un grand nombre de personnes déplacées internes le long de la frontière, au nord de la RCA. Ces personnes vivent, selon eux, dans des conditions de vie d’extrême précarité. L’accès à ces personnes reste extrêmement difficile à partir de la RCA en raison des problèmes de sécurité. Les opérations transfrontalières pour assister ces personnes à partir du Tchad, sont également limitées dues au manque de ressources.

“Avec les pluies en cours, et étant donné le manque de services, les professionnels de la santé sur les sites font état d’une augmentation significative des cas de diarrhée et de paludisme coïncidant avec le début de la saison des pluies”, relève OCHA Tchad.

Citant des raisons de sécurité après les attaques armées en provenance de la RCA au Tchad, le gouvernement tchadien a fermé hermétiquement la frontière avec la RCA le 12 mai et a renforcé les forces de sécurité à la frontière. Officiellement, seuls les rapatriés tchadiens peuvent rentrer au pays, même si, des sources humanitaires, les Centrafricains et ressortissants des pays tiers peuvent encore traverser en sécurité au Tchad. Les retours en RCA ne sont cependant plus autorisés.

Pendant que le travail est en cours pour mettre en valeur les nouveaux camps, une aide d’urgence est nécessaire pour aider les gens dans les sites de transit au sud du pays, selon le rapport d’OCHA Tchad. L’eau, l’hygiène et l’assainissement demeurent une priorité sur ces sites où moins de la moitié des latrines nécessaires sont disponibles. Selon l’UNICEF, il faudrait 15 litres d’eau par personne par jour sur chaque site de transit.

Malgré les récentes contributions, la réponse aux besoins vitaux d’urgence en faveur des 100.000 personnes arrivées de la RCA au Tchad est gravement sous-financée. Pour poursuivre l’aide alimentaire dans le sud, le Programme alimentaire mondial (PAM) a besoin de 9,6 millions de dollars pour couvrir les six prochains mois.

“Sur les 14,8 millions de dollars dont le PAM a besoin pour fournir une assistance à ces populations, plus de 5,1 millions de dollars ont déjà été reçus de la part des donateurs comme les Etats-Unis et l’Autriche, ainsi que des fonds des Nations-Unies. D’autres contributions ont été annoncées. Il nous faut cependant plus de fonds pour nous permettre de continuer nos activités et de soutenir les efforts du gouvernement dans la réponse à cette crise”, explique Mme Lauren Landis, directrice du PAM au Tchad.

Mercredi, Mme Lauren Landis et la ministre tchadienne du Plan et de la Coopération internationale ont signé un accord de base d’une opération d’urgence d’un montant global de 3,5 millions USD (soit 1,7 milliards CFA) pour assurer un accès adéquat à la nourriture aux personnes venues de la RCA, et prévenir et traiter la malnutrition aiguë chez les enfants de 6 à 59 mois.

Le Plan de Réponse Stratégique (PRS) pour 2014 demandant 527 millions de dollars a reçu 38 millions de dollars (7,3%). Quelque 7 millions de dollars supplémentaires sont promis par la Commission européenne, la Suède, la Suisse et le Japon.

“La révision du Plan de réponse stratégique (PRS) pour le Tchad a été lancée, afin d’inclure la réponse humanitaire des agences à l’impact de la crise de la RCA au Tchad. Les activités dans le Plan révisé soutiendront le plan de réponse d’urgence de 42,5 millions de dollars du gouvernement du Tchad en faveur des personnes évacuées de la RCA, lancée le 28 avril”, conclut le rapport d’OCHA.