OPINION Beaucoup de rumeurs circulent sous le manteau que si les barons du Mouvement patriotique du salut (MPS) ne se ressaisissent pas, leur parti risque de voler en éclats. Le congrès extraordinaire en vue s’annonce palpitant.

Depuis quelques jours les partisans de l’ex-parti au pouvoir s’invectivent à travers les réseaux sociaux. Ils se livrent une guerre larvée sans borne pour hériter le MPS. C’est sur cette lancée qu’une date a été fixée pour la tenue d’un congrès extraordinaire les 12 et 13 juin 2021. Cette grand-messe s’inscrit selon les militants dans le sillage de la redynamisation après la disparition brutale et inattendue de son fondateur le Maréchal Idriss Deby Itno.

Une agitation stérile s’est emparée de plusieurs affidés de cette formation. Ce congrès annoncé tambour battant, convoqué en l’absence du Secrétaire général qui se trouverait dans l’hexagone pour des raisons de santé, est diversement apprécié. Ce dernier vient de signer une décision qui annule la tenue du 10e congrès extraordinaire du MPS. Les mauvaises langues parlent d’une probable implosion si certains cadres de cette formation politique ne mettent pas un peu sous le boisseau leurs ambitions démesurées afin de parler le même langage en vue de sauvegarder l’héritage du Président-Fondateur qui n’a pas lésiné sur les moyens pour allumer la flamme de son Mouvement. 

Ce congrès en vue laisse planer un doute sur la participation de cadres de certaines provinces, très en courroux qui ne sont pas d’accord avec la méthode utilisée pour la tenue de cette rencontre. Les militants de ce parti devraient se ressaisir au lieu de se ruer sur le brancard pour casser leur parti.

Dans la faune politique africaine, on a observé des grands partis au pouvoir qui ont résisté aux bourrasques des héritiers et après la disparition de leurs leaders charismatiques continuent d’exister. Il s’agit du Parti Démocratique de Côte d’Ivoire/Rassemblement Démocratique Africain (PDCI/RDA). A la disparition de son père fondateur Félix Houphouët Boigny en 1993, son dauphin constitutionnel Henri Aimé Konan Bédié et les autres  ont continué l’œuvre entreprise par le fondateur. Aujourd’hui le parti septuagénaire compte sur l’échiquier politique ivoirien. Il a dans son escarcelle plusieurs députés et poursuit son petit bonhomme de chemin selon les jalons posés par Félix Houphouët.

Il en est de même du FPI (Front Populaire Ivoirien) de Laurent Koudou Gbagbo. En son absence, ses partisans ont juré de garder la maison FPI jusqu’à son retour. En dépit des vicissitudes du Landerneau politique ivoirien, le FPI a résisté contre toutes les tempêtes de certains larbins du pouvoir. Aux dernières législatives, ce parti d’opposition s’est coalisé avec le PDCI/RDA et a raflé plusieurs sièges de députés à la nouvelle Assemblée nationale.

Cette même scène a été observée au Gabon où le PDG (Parti Démocratique Gabonais) porté sur les fonts baptismaux par feu le Président Omar Bongo Ondimba est toujours animé.  Après son décès, le PDG reste une machine à broyer sur l’ensemble du territoire national. Même s’il a connu une saignée, les choses étaient rentrées dans l’ordre très rapidement et le PDG domine toujours le marais politique gabonais.

Idem pour le Congrès pour la Démocratie et le Progrès (CDP) de Blaise Compaoré, chassé du pouvoir par l’insurrection populaire du 31 octobre 2014. Ce parti, qui essuie les critiques les plus acerbes de toutes les forces vives de la nation burkinabé est devenu à l’issue des élections législatives de l’année dernière le premier parti de l’opposition. Son leader Eddie Koumboigo est devenu de facto, le chef de file de l’opposition en remplacement de Zéphyrin Diabré, nommé depuis lors Ministre d’Etat, Ministre de la Réconciliation Nationale.

Au lieu de suivre ce genre d’exemple, ce n’est pas le cas des militants du MPS qui se bouffent le nez juste au lendemain de la disparition du Maréchal. Il est encore temps de recoller les morceaux et regarder dans la même direction avec pour objectif de sauver les meubles.