Plusieurs photos et vidéos circulant sur la toile attestent d’une présence militaire française dans la province du Batha, précisément à Ati. Serait-ce là, la preuve de l’installation d’une base militaire à Ati comme l’a laissé entendre Max Loalngar, porte-parole de la plateforme Wakit Tamma ? On a vérifié pour vous.

Depuis la fin de l’année 2021, il a été remarqué plusieurs mouvements des véhicules appartenant à l’armée française dans la région du Batha. Chose inhabituelle, car si elle est présente au Tchad depuis les années 1970 avec en moyenne un millier d’hommes, les bases ou camps qui l’accueillent sont N’Djamena, Abéché et Faya. Alors lorsqu’elle est aperçue au loin de sa zone de prédilection cela interroge et donne lieu à des spéculations de tout genre.

Une histoire de sortie de piste

Le commandant de la base aérienne projetée de N’Djamena, que nous avons contacté pour tirer cette histoire au clair confirme la présence des militaires français à Ati. Mais, pas pour les raisons avancées çà et là. Pour lui la France n’est pas en train d’implanter une base, cette présence s’explique par un accident d’avion qui a eu lieu dans la nuit du 29 au 30 décembre 2021. Dans le cadre d’un exercice de routine conjointe avec l’armée tchadienne, l’avion en question est un Airbus type CASA, un avion-cargo tactique militaire, qui a connu une sortie de piste lors de son atterrissage à l’aérodrome d’Ati. À son bord il y avait un équipage médical et des hommes de troupe dont un accompagnateur tchadien, tous sortis indemnes.

Un avion de type CASA stationné à la base Sergent Chef Adji Kosseï de Farcha

Aussitôt, une équipe de protection a été déployée pour sécuriser le périmètre et l’avion en attendant sa réparation. C’est la remise en état qui s’éternise, cela fait 5 mois que les mécaniciens de l’armée de l’air française n’arrivent pas à le mettre sur pied. Un avion de ce type ne se manipule pas n’importe comment, nous fait-on savoir. Cela se fait en coordination avec l’industriel, entendez le fabricant qui est Airbus. Alors ça traine, on y voit des convois logistiques qui transportent des hommes et des pièces de rechange entre N’Djamena et Ati. Les hommes font des rotations pour se relayer afin de faire le guet ou travailler à la mise en piste de l’avion. Ces militaires français ainsi que des éléments de la GNNT et la gendarmerie ont monté un camp de fortune au sein de l’aérodrome. Ces soldats participent à la vie locale, ils font de la marche dans les alentours, ils rencontrent les autorités locales, vont au marché, jouent au football dans le cadre d’un tournoi local. 

L’armée tchadienne confirme

Pour corroborer les dires du commandant, nous avons contacté la partie tchadienne, « l’armée française ne fait rien sans accord préalable de l’état-major tchadien. Si vous les voyez, c’est dans le cadre de l’accord qui nous lie », nous explique l’État-major tchadien. Il confirme l’accident d’avion et la présence de l’armée française sur le site accompagné des éléments tchadiens.

Le Tchad est le pion central du dispositif militaire français en Afrique, ses troupes sont déployées de façon continue depuis les années 70. C’est un verrou stratégique, mais aussi un terrain d’entrainement pour l’armée française. En passant, elle apporte soutien et appui à l’armée tchadienne aussi longtemps que nécessaire. Ce n’est pas un hasard que N’Djamena abrite le commandement de la Force française Barkhane.