Madjitelsem Séverin, secrétaire général adjoint de l’Union des personnes handicapées du Tchad et assistant technique de l’Association des femmes pour le développement socioéconomique est invité à une conférence internationale qui se tient du 22 au 24 février, à Vienne, capitale autrichienne. C’est sous le thème : ‘’ vie autonome, participation politique et TIC’’. Par manque de moyens, il ne peut répondre à cette invitation. Ses appels au soutien des autorités et acteurs au développement sont restés vains. Il exprime son désarroi.

1/Votre invitation à cette conférence date du 29 novembre 2022. Par manque de moyens, vous aviez demandé de l’aide auprès des autorités et bailleurs de fonds. La conférence a débuté mais vous êtes toujours à N’Djamena…

C’est une institution autrichienne qui organise cette rencontre dénommée ‘’zéro project conférence 2023’’ et qui fait la promotion des droits humains notamment des femmes et des personnes handicapées. Les difficultés que nous rencontrons sont que dès la réception de l’invitation, il n’était pas facile d’avoir la connexion Internet pour échanger avec les organisateurs notamment sur nos démarches au pays. Aussi, notre mobilité étant réduite, ce n’était pas facile.

Naturellement, nous avons écrit à certains ministères, organisations des Nations unies pour un appui en terme de billet d’avion et des frais d’hébergement. Les prises en charge alimentaire, le transport au niveau local à Vienne sont à la charge des organisateurs. Certains ont répondu en disant que ce n’était pas dans leur ligne d’action. La ministre du Genre et de la Solidarité nationale a fait une annotation pour un appui mais nous n’avons pas vu de liquidité. D’autres n’ont jamais répondu.

2/En quoi cette conférence est-elle importante pour le Tchad et particulièrement pour les causes que vous défendez ? Sachant que vous êtes aussi le secrétaire général adjoint de l’Union des personnes handicapées du Tchad

Vous savez que c’est une conférence qui regroupe 80 pays du monde. Son thème est en lien avec la convention relative aux droits des personnes handicapées des pays signataires dont le Tchad.

On allait échanger sur l’état de mise en œuvre de cette convention. Ça allait être une occasion pour nous de relever quand même les efforts du gouvernement avec la ratification de la convention nationale relative aux droits des personnes handicapées. Ça allait être aussi une opportunité pour nous de tisser des liens, des relations qui pourraient être bénéfiques à l’avenir.

3/Comme vous n’aviez pas eu de réponses positives à vos sollicitations, dans un poste sur Facebook, vous vous interrogez, en tant que personne handicapée, sur votre place dans la société tchadienne

Il y a une discrimination qui continue à notre égard. Il est vrai que le pays a fait des avancées sur la question du handicap mais c’est resté au niveau politique. Dans les faits, nous sommes marginalisés. Il n’y a pas de considérations à notre égard. Cela nous amène à nous demander si nous ne sommes pas des Tchadiens. Faut-il appartenir à une classe donnée pour bénéficier des retombées du pays ? C’est ça qui frustre !

Toujours dans ce post, vous sollicitez une audience auprès du président de transition. Que comptez-vous lui dire ?

Nous disons peut-être que nous ne sommes pas bien entendus par les autres. Mais lui, en tant premier responsable, peut-être qu’il pourra mieux nous écouter. Nous aimerions lui dire que ce qui est pour nous sans nous est contre nous.

Nous voulons dire au président de transition l’injustice que nous subissons.