La météo l’avait annoncé à maintes reprises. Mais comme au temps de Noé, l’alerte a été prise à la légère. Les gouvernants n’y ont pas accordé une grande importance. Le dialogue national et les combats politiques cristallisaient toutes les attentions.

Mais voilà que la capitale est face à un péril. La crue exponentielle des eaux des fleuves Chari et Logone risque d’engloutir N’Djamena. Certes, le quartier Walia était habitué à ce phénomène. Mais la situation de cette année est sans commune mesure. Certaines digues de fortune, faites à base de sable dans des sacs, ont soit rompu, soit sous le point de l’être. Beaucoup d’habitants sont déjà chassés de chez eux, abandonnant tout dans l’eau ; quand d’autres voient les vagues déferler inexorablement vers leurs demeures. Ils ne ferment plus les yeux, tentant avec des moyens rudimentaires de monter des digues pour protéger leurs habitations.

Même des zones du centre-ville comme le quartier Sabangali ou encore le marché à mil sont dans l’eau. C’est dire l’ampleur de la situation.  

Comme à N’Djamena, beaucoup de provinces du pays sont dans le désarroi. Des maisons écroulées, des hectares de champs à perte de vue envahis, des troupeaux emportés.

Entretemps, les autorités, habituées à faire le médecin après la mort, semblent se réveiller mais très timidement de leur profond sommeil. A travers des tapages médiatiques, le ministère en charge de l’aménagement du territoire et la mairie de N’Djamena donnent par-ci quelques bennes de remblai, par-là des sacs et des pelles pour renforcer les digues qui cèdent les unes après les autres. Ce qui n’est qu’une goutte d’eau dans la mer.

Sommes-nous donc condamnés, comme les contemporains de Noé, à périr sous les vagues qui grondent sur N’Djamena ?

Cette menace est sans doute le premier grand défi qui attend, Mahamat Idriss Déby, quelques heures après son investiture comme président de transition pour une période de deux ans. « Nos pensées en ce moment solennel vont vers ceux de nos concitoyens qui font face aux inondations consécutives aux changements climatiques. La lutte contre cette catastrophe doit être la priorité du prochain gouvernement qui doit poursuivre le travail déjà entrepris dans ce sens », déclarait-il d’ailleurs lors de son investiture.

Comme Noé avec son arche, le président de transition doit donc lancer les grandes manœuvres pour sauver ses concitoyens.