Par un arrêté, la mairie centrale de N’Djaména a interdit la fabrication et la cuisson de briques en terre dans le périmètre urbain de la ville. Une décision déplorée par les concernés.
À Walia, dans le 9e arrondissement de N’Djaména, des briques sont fabriquées dans un ravin. C’est à quelques mètres d’une route bitumée. A 8h du matin, ce 2 mars, des jeunes s’activent à arranger ces briques; d’autres se préparent à les mettre au four.
Dans les esprits, la décision de la mairie de N’Djamena interdisant la fabrication et la cuisson de briques en terre passe mal. ’’Sans la fabrication des briques, est-ce qu’il y aura construction du pays ? Jamais ! On est des diplômés. On ne sait où aller. C’est pour ça qu’on se débrouille avec cette activité. Depuis le décès de ma maman, je n’ai pas eu de soutien pour continuer les études supérieures’’, fulmine un jeune bachelier, fabricant de briques depuis deux ans.
A ses côtés, un autre jeune licencié en histoire exprime son incompréhension.”J’ai fini en histoire. Après ça, je n’ai pas trouvé de débouché. La décision de la mairie nous a choqués. Et avec l’inondation, on ira où ?’’, se demande-t-il.
Édouard, lui, dit avoir trop galéré. Sans diplôme et père de quatre enfants, il arrive quand même à s’en sortir avec la fabrication et la vente de briques. “Je suis aussi en location. Je demande à la mairie de nous aider’’, plaide-t-il.
Pour Siméon, l’Etat reste souverain. Même s’il rejette cette décision. Il s’interroge sur son sort et celui de ses trois enfants. ‘’Qu’allons-nous devenir’?’, se projette-t-il, pensif.
Le 26 février 2023, une équipe de la mairie conduite par la nouvelle maire, Batchiret Douga, est venue leur expliquer le “bien-fondé’’ de la décision. Il a notamment été avancé que la production et la cuisson de briques en terre contribuent à la dégradation et à la pollution de l’environnement.
De plus en plus, la pression s’accroît sur ces fabricants de briques qui “ne demandent qu’à survivre’’.