« Nous les commerçants, commerçantes, vieillards, veuves, orphelins, handicapés, etc. qui exerçons nos activités au Marché à Mil sommes inquiets, car nous n’avons pas d’autres ressources pour suivre que de ce marché. Nous nous tournons vers notre seul et ultime recours son Excellence Idriss Déby Itno, président de la République pour nous sauver ». C’est en ces termes que les commerçants du Marché à Mil, inquiets du projet de reconstruction et d’exploitation de ce grand marché de N’Djamena se sont exprimés. Ils demandent au chef de l’État d’instruire les autorités communales de la ville de N’Djaména de délocaliser ce projet exécuté par l’entreprise soudanaise, Tewa Global Technologies, dans un autre site. Car, les commerçants justifient qu’il y a beaucoup de terrains non construits et non exploités dans la ville.

Par un point de presse ce vendredi 13 juillet 2018, Saleh Goudja Mallah, président de la Coordination Nationale des Organisations des Commerçants du Tchad (CONOCOT), rappelle que ce marché a été créé en 1903 et il est le seul grand marché de la sous-région. Tous les opérateurs économiques tchadiens s’y approvisionnent ainsi que des opérateurs des pays voisins. « C’est un marché historique, il est le grenier de la population tchadienne et des pays voisins. Mais à notre grande surprise, le 14 mai 2018, les autorités communales nous ont informés du projet de reconstruction et d’exploitation du Marché à Mil, soit deux jours seulement avant la pose de la première pierre qui a eu lieu le 17 mai 2018 » explique le président de la CONOCOT. Et pourtant, renseigne M. Saleh Goudja Mallah, en l’an 2000, le gouvernement a investi des milliards de FCFA pour la construction de ce Marché à Mil, avec l’appui de l’Agence Française de Développement (AFD).

En matière des recettes douanières, 90% des conteneurs des marchandises importées appartiennent aux commerçants du Marché à Mil, sans oublier les recettes communales, les impôts, et autres taxes estimées à des centaines des milliards de FCFA, informe-t-il. D’après le président de la CONOCOT, plus de 80 000 commerçants et commerçantes exercent leurs activités sur ce marché et nourrissent leurs familles respectives qui sont estimées à des millions d’âmes. « Ce projet va créer une crise économique, sociale et humanitaire sans précédent », prévient M. Saleh Goudja Mallah.

Par ailleurs, le président de la CONOCOT, observe que, la crise économique caractérisée par la chute de prix du pétrole a lourdement touché tous les opérateurs économiques tchadiens en général et ceux du Marché à Mil en particulier. Selon lui, le déguerpissement de ce marché va encore paralyser davantage les activités commerciales, donc c’est une catastrophe pour les commerçants et pour le Tchad, sinon tout ce monde sera en faillite alerte-t-il. Il cite par exemple que le déguerpissement des marchés de Dembé et Karkandjié ont produit des résultats que tout le monde connait aujourd’hui. Ces marchés sont abandonnés au profit des bandits de tous genres.