En 2012, le Tchad a organisé les premières élections communales. En huit ans, la commune centrale de N’Djamena, connait une situation peu radieuse en termes de gestion. Les maires se succèdent, quasiment, chaque année. En huit ans, ce sont sept personnalités qui sont passées à la tête de cette mairie.

En juillet 2012, Djimet Ibet ouvre le bal. Il est désigné, le tout premier maire élu de la capitale. Moins de cinq mois après son installation, les conseillers ont commencé à dénoncer sa gestion qualifiée de « peu orthodoxe ». Il a été suspendu par l’autorité de tutelle avant d’être démis de ses fonctions et remplacé par Hadjé Itir Déby Itno, qui a été installée comme maire intérimaire. Elle sera remplacée par le conseiller Saleh Abdelaziz Damane. Après son installation comme premier magistrat de la ville, M. Damane gérait comme il pouvait les affaires de la cité. Mais, après quelques mois, certains conseillers ont commencé à dénoncer sa gestion. Les conseillers croyant que le titre leur accordait un certain privilège, gardaient un œil sur la gestion de chaque maire. Au moindre dérapage, des dénonciations fusent. Ainsi, M. Damane subira le sort de Djimet Ibet. Il sera évincé par le conseil municipal qui  l’a poussé à la démission.

L’ancien maire Ali Haroun est appelé pour succéder à Saleh Abdelaziz Damane. Une lourde responsabilité lorsqu’on sait que son prédécesseur est déposé pour mauvaise gestion. Ainsi, Ali Haroun, l’homme populaire dans la ville de N’Djamena ayant été aussi conseiller à la présidence de la République est désormais aux affaires de la capitale. Dès sa prise de fonctions, certains observateurs ont évoqué l’accession à une « fonction à problème ».

Malgré qu’il avait déclaré à sa prise de fonction vouloir travailler dans un esprit de « cohésion » avec les conseillers municipaux, il sera aussi éjecté et remplacé par Mme Mariam Djimet Ibet, l’épouse de l’autre. La confiance entre Ali Haroun et les conseillers n’a pas trop duré. Ils ont une fois de plus poussé le maire à la démission. Les problèmes de la gestion financière, de la collaboration avec le conseil municipal, reviennent toujours dans les causes de départ du maire. Mariam Djimet Ibet prend ainsi les rênes de la ville de N’Djaména. Mais, elle finit, presque de la même manière que ses prédécesseurs. Démise de ses fonctions, puis remplacé par Saleh Abdelaziz Damane, qui retrouve ainsi pour la deuxième fois le fauteuil de maire de N’Djaména. Son premier départ lui a-t-il servi de leçon pour bien s’entendre, d’une par, avec le conseil municipal, et d’autre part, mener une bonne gestion financière ? Certainement pas. Il lui est imputé une mauvaise gestion et une guéguerre avec les conseillers et ses adjoints. Les médias ayant même parlé d’une bagarre avec son premier adjoint.

C’est dans cette situation confuse que Damane quitte la tête de la mairie centrale trainant des casseroles qui l’auraient accablé.  Son premier adjoint Oumar Boukar qu’il aurait « boxé » le remplace. Mais, après quelques mois, une autre affaire d’argent accable Oumar Boukar, déchu dans la foulée et remplacé par son adjoint Brahim Foullah, le célèbre détenteur du club de football Foullah édifice et ancien premier vice-président de la Fédération Tchadienne de Football Association dont il a été exclu. Il voulait revenir comme président de la FTFA lors de la dernière assemblée générale élective, mais son dossier de candidature a été rejeté. Pour beaucoup d’observateurs, le nouveau maire n’est pas différent, en termes de bonne gestion financière, de ses prédécesseurs. Ces observateurs font le rapprochement avec son ancien poste à la fédération de football, où ils se sont, lui et son président Mahamoud Mouctar, accusés, mutuellement, de détournement.

Brahim Foullah connaitra-t-il le même épilogue que ses prédécesseurs ? Il est très tôt pour le dire. Il faut donc lui accorder le bénéfice du doute pour voir comment il s’attèlera à redorer l’image d’une mairie, la plus grande du pays, ternie par la mauvaise gestion.