Agacé par la lenteur que prend le processus de réforme institutionnelle de l’Union africaine (UA), le président de la Commission de l’organisation continentale, Moussa Faki, a fait des propositions et dit s’en remettre à la ” sagesse” des chefs d’Etat.

La réforme institutionnelle de l’Union africaine piétine. Au premier plan des contraintes vécues se situent les limites juridiques et politiques, déplore le président de la Commission de l’UA, Moussa Faki Mahamat. ”Nous avons, certes, lancé la réforme institutionnelle de notre organisation. Elle a permis des progrès significatifs sur la voie de l’amélioration de notre gestion et efficacité internes”.

En dépit de ces progrès incontestables, relève Moussa Faki Mahamat, la réforme est restée silencieuse sur la situation de ”fragilité” juridique ”notoire” de la Commission et de son président. ”Les pouvoirs et compétences de ceux-ci sont restés identiques à ceux d’avant la réforme. Deux questions majeures contraignent la Commission à un rôle somme toute assez modeste dans le processus décisionnel africain. Le premier est la lecture réductrice du concept de subsidiarité. Nous avons, assurément, besoin de mieux clarifier les rapports de subsidiarité et de complémentarité entre les communautés économiques régionales et l’organisation continentale”, propose-t-il aux Chefs d’Etat et de gouvernement présents au sommet de l’UA qui se tient du 5 au 6 février à Addis-Abeba en Ethiopie.

Moussa Faki Mahamat ne comprend pas que la décision d’un organe de l’UA, en l’occurrence le Conseil de paix et de sécurité sur le Mali, devrait être suspensive des décisions d’une organisation régionale, à savoir la CEDEAO.” Il y a vraiment un grand écart. Il est important que notre sommet apporte ici les clarifications nécessaires pour éviter toute dérive préjudiciable au fonctionnement de notre architecture politique et de sécurité”.

La question de la souveraineté des États

Le second problème à considérer est la question de souveraineté des Etats, poursuit-il. ”Celle-ci est un paravent protecteur de toutes sortes de dérives survenant dans un pays membre. Une lecture restrictive, voire dogmatique du principe intangible de la souveraineté des États membres élève un mur d’airain contre toute intervention de l’organisation continentale, soit à titre préventif à travers l’alerte précoce, soit à titre curatif lorsque la crise éclate”, regrette-t-il.

Il ne faut pas s’étonner dans ces conditions de voir la Commission traitée ici ou là comme un simple secrétariat des Etats, prévient Moussa Faki Mahamat. ” Le souverainisme n’est pas propre à notre organisation. Je le sais. Toutes les organisations internationales ou régionales y font face, mais sa force et les lectures restrictives dont il fait l’objet à l’UA demeurent excessives et sont préjudiciables à la pleine capacité d’initiative et d’action de l’organisation. Ce double handicap n’a pas été étranger à la conduite de la commission face aux changements non constitutionnels dont une funeste vague a déferlé ces derniers temps, et pas seulement en Afrique de l’Ouest”.

Le président de la Commission de l’UA demande aux chefs d’État d’accorder une marge de manœuvre à son organe. ”J’en appelle à davantage d’inventivité et d’esprit créateur pour redonner à l’organe opérationnel de notre union plus de possibilité d’action et d’influence sur le devenir politique de nos Etats, notamment lorsque ceux-ci sont en réel besoin de sollicitude”.