BRAZZAVILLE, 18 mai (Xinhua) — Les forêts d’Afrique centrale couvrent à elles seules 220 millions d’hectares, soit la deuxième étendue de forêts tropicales de la planète après l’Amazonie en Amérique du sud. Cependant, elles sont devenues le “berceau” du braconnage de l’ivoire dont le commerce illicite coûte de 7 à 10 milliards de dollars américains par an, selon les estimations des Organisations non gouvernementales (ONG) internationales de conservation et de protection de la nature.

Les guerres civiles, notamment au cours de la décennie 90, dans les pays qui composent le Bassin du Congo, ont facilité la circulation des armes, renforçant les capacités d’attaque des braconniers.

“La situation a changé dramatiquement. On ne parle plus de braconnage traditionnel, mais de braconnage industriel opéré avec l’arme de guerre par des syndicats transnationaux de criminels”, a expliqué à Xinhua, Jules Caron, responsable de la communication du Fonds mondial pour la nature (WWF) en Afrique centrale.

“Les Etats de l’Afrique centrale ont déjà reconnu la réalité et les méfaits du braconnage des éléphants. Le commerce illégal des espèces animales sauvages varie de 7 à 10 milliards de dollars par an”, a ajouté M. Caron, “le début et la fin du commerce de l’ivoire se situent en Asie de l’Est”.

Les parcs nationaux, les réserves et d’autres sanctuaires d’Afrique centrale ne sont plus exposés au braconnage à grande échelle.

Ces dix dernières années, selon huit ONG internationales dont Wordlife conservation society (WCS), l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) et WWF, la sous-région a perdu environ deux-tiers, soit 62% de sa population d’éléphants.

“La situation est dramatique et inquiétante: le Congo-Brazzaville a perdu 5 000 éléphants entre 2009 et 2011, notamment dans la zone nord. Le cheptel de la République centrafricaine est passé de 80 000 dans les années 80 à quelques milliers de têtes actuellement. La République démocratique du Congo n’a plus que de 7 000 à 10 000 éléphants, alors que ce pays englobait 70% des éléphants d l’Afrique centrale”, a décrit Jérôme Okoko, directeur adjoint de WCS-Congo.

“Le constat fait est que les lois qui gouvernent le secteur de la faune… sont très peu mise en application. En plus, la corruption est un grand frein parce que les braconniers arrêtés sont parfois relâchés sans jugement”, a affirmé à Xinhua Gilles Miambanzila, chargé de la communication au Projet d’appui à l’application de la loi sur la faune (PALF-Congo).

Le phénomène a tellement pris de l’ampleur que les ONG internationales estiment que la seule solution forte et la meilleure façon de contrer le fléau consistent en la prise en main de la lutte par les Chefs d’Etat de la sous-région.

“Combattre le braconnier n’est pas l’affaire d’un individu, d’un département ministériel. Tout le monde doit être impliqué”, souligne souvent le ministre congolais de l’économie forestière, Henri Djombo.