Les candidatures qui se succèdent à l’approche de la présidentielle, les manifestations qui ont secoué le pays le 6 février, la suspension de la grève dans le secteur public ou encore la réélection de Moussa Faki Mahamat sont les principaux sujets traités par les journaux pour la semaine du 8 au 14 février 2021.

« Déjà cinq candidats dans les starting-blocks »

Au fur et à mesure que l’élection présidentielle approche, les candidats se positionnent.

La Voix fait le compte et conclut qu’ils sont « déjà cinq candidats dans les starting-blocks ». Il s’agit de Nasra Djimasngar (Un Nouveau Jour), Romadoumngar Félix (URD), Idriss Déby (MPS), Alladoum Baltazar (ASTRE) et Me Théophile Bongoro du PRET mais investi sous la bannière de l’Alliance Victoire.

En dehors de La Voix, N’Djamena Hebdo, L’Observateur, Le Visionnaire, L’Opinion, et Le Progrès, tous annoncent ces différentes candidatures à la présidentielle. Mais selon La Voix, à voir la composition des candidats investis, « beaucoup d’observateurs s’interrogent sur le vrai gabarit ou la carapace de ces nouveaux investis à faire véritablement face au Maréchal du Tchad ».


« Ils ont bravé la peur »


Pendant que certains se mettent en ordre de bataille pour la présidentielle, d’autres marchent pour dire non à un sixième mandat du chef de l’Etat et exiger l’alternance au pouvoir. Il s’agit du mouvement les Transformateurs, des partis politiques, associations de la société civile et mouvements citoyens.

« Ils ont bravé la peur », titre à sa Une Le Visionnaire, car bien qu’interdite par le gouvernement, la marche a eu lieu. Le journal de Allahondoum Juda qui signale qu’il y a eu des arrestations se demande si en cette période électorale on a besoin d’ « arrêter ceux qui, les mains nues, revendiquent un peu de justice et de liberté ? ».

N’Djamena Hebdo abonde dans le même sens en pointant que « Les manifestants ont tenu tête », avec en illustration, des femmes, comme des amazones, fonçant résolument devant elles. Pour Hebdo, « La hargne des agents de force de l’ordre et de sécurité à réprimer violemment les manifestants n’a pas empêché ces derniers de marcher contre la candidature du président Idriss Déby Itno aux présidentielles d’avril 2021 ».

L’Observateur, lui, n’a constaté ni plus ni moins que de « La”Succèsphobie” ». « Le pouvoir du MPS secoué par la rue » souligne L’Obs qui estime que « tous ceux qui ont tendance à dire que les Tchadiens d’une manière générale et la jeunesse en particulier est amorphe, auront du mal à croire en ce qui s’est passé le 6 février dernier, dans les rues et quartiers de N’Djamena ». Cet hebdomadaire a constaté que c’était « une jeunesse en colère, fatiguée et déliassée depuis plus de 30 ans, qui est sortie pour exprimer son mécontentement et son ras-le-bol ».

Les leaders religieux en sauveurs

Pendant près d’un mois une grève générale a paralysé le secteur public. Les positions se durcissaient de chaque côté. Finalement, le salut est venu des leaders religieux qui ont pu obtenir une trêve de trois semaines pour mener des négociations.

D’où la titraille du journal Le Progrès du lundi 8 février : « la plateforme interconfessionnelle rapproche le gouvernement et les syndicats : une décrispation de 23 jours de la tension sociale ».

L’Opinion qui salue le succès des leaders religieux émet toutefois des réserves sur la réussite de leur mission. «Cependant, à quoi servira cette médiation des religieux ? Pourront-ils réussir à convaincre le gouvernement à revenir aux meilleurs sentiments ? », s’interroge ce journal.

L’Observateur s’interroge également si la suspension de la grève est la « bonne décision ? ». Car L’Obs ne comprend pas pourquoi il faut « débrayer durant un mois et suspendre la grève sans pour autant avoir une garantie de la part du gouvernement ? ».

La Voix de son côté constate un « Quiproquo entre les responsables syndicaux et leurs bases ». Cet hebdomadaire souligne qu’ « A observer de près, les responsables syndicaux et leurs bases ne sont pas sur la même longueur d’onde ». La Voix de conclure que « Les leaders syndicaux appellent à la reprise du travail, alors que les bases disent n’être pas saisies officiellement ».

En réponse, dans une interview qu’il a accordée à N’Djamena Hebdo, le porte-parole adjoint de la plateforme syndicale revendicative, Mahamat Nasradine Moussa a indiqué qu’après les démarches, c’est de commun accord avec la base qu’ils ont décidé de « suspendre la grève par respect aux leaders religieux et d’attendre voir si jusqu’au février, le gouvernement va réagir ». Il martèle que c’est à la fin du mois de février qu’ils vont « aviser ».


Moussa Faki réélu à la tête de la commission de l’Union africaine


« Moussa Faki reconduit président de la Commission de l’UA », nous informe le quotidien Le Progrès du lundi 8 février. Il mentionne que 51 des 55 Etats membres de l’Union africaine ont voté, lors de la 34ème session de la conférence des chefs d’Etat et de Gouvernement, tenue par visioconférence, le samedi 6 février 2021, pour la reconduction de l’ancien chef de la diplomatie tchadienne pour un second mandat de quatre ans.

« Moussa faki réélu à la tête de la Commission de l’UA », indique aussi, sobrement, N’Djamena Hebdo.

Le Visionnaire quant à lui est entré « Dans le secret de la reconduction de Moussa Faki à la tête de l’Union africaine ». Il estime que c’est un accord qui a permis à Moussa Faki de rester le seul candidat en lice et de rempiler. Le Visionnaire renseigne que l’Afrique centrale et l’Afrique de l’Ouest avaient toutes les deux des candidats pour la présidence de la Commission de l’UA et la direction de l’ASECNA (Agence de sécurité de la navigation aérienne en Afrique et à Madagascar). Que par accord, Abdoulaye Bathili, pour l’Afrique de l’Ouest s’est retiré au profit de Moussa Faki. En échange, Le Visionnaire indique que l’Afrique centrale a soutenu le candidat du Niger pour la direction de l’ASECNA, au détriment du Tchadien Mahamat Awaré Neissa. C’est pourquoi, analyse-t-il, « le pays a sacrifié l’un de ses fils pour que l’autre ait plus de chances de gagner. C’est un pari tenu ».

« G5 Sahel, une force inefficace ? »

Terminons cette revue de presse par le G5 Sahel dont la conférence des chefs d’Etat se tient actuellement à N’Djamena. « G5 Sahel, une force inefficace ? », s’interroge L’Opinion. Ce journal estime que depuis sa création en 2014, le G5 Sahel « est loin d’atteindre ses objectifs » qui concerne les domaines de la sécurité (à travers la lutte contre le terrorisme et le crime organisé et du développement avec un programme d’investissement comprenant plusieurs projets. Car, s’interroge-t-il, « Comment peut-on en six ans et après tant de sommets, ne pas réussir à stabiliser et enclencher le processus de développement de la région alors que les grandes puissances et les institutions internationales accordent des soutiens matériels, techniques et financiers à ce regroupement ? ».

Pour Le Visionnaire, c’est « Le financement [qui] tarde ». En effet, estime-t-il, c’est depuis « Bientôt sept ans que l’espace sahélien a créé un cadre pour combattre le terrorisme transfrontalier. Après quelques années d’expériences, la force tarde à faire ses preuves sur le terrain. Et pour cause, la question du financement promis par les alliés dans cette lutte ressemble à un serpent de mer ».