Créée en 1966, l’Agence tchadienne de presse et d’édition (ATPE) traverse des moments difficiles depuis presque deux ans. Pour calmer la tension des agents, certains journalistes sont affectés ailleurs, enfonçant encore l’Agence dans la léthargie.

56 ans, c’est l’âge que totalise l’Agence tchadienne de presse et d’édition (ATPE). Mais à son compteur, aucune évolution convaincante. Cette agence qui est créée en 1966, pour jouer le rôle de pourvoyeuse d’informations, auprès des organes de presse, se trouve aujourd’hui dos au mûr et ses agents “traversent le désert” à pied. Conséquence : depuis environ deux ans, le journal l’Info que produit cette agence ne paraît plus. Seul, le site internet, créé récemment, est alimenté à peine. Selon les responsables de l’Agence cités par le délégué du personnel, Blaise Djimadoum Ngargoune, c’est à cause de “manque de moyens financiers pour supporter le coût d’impression”, que le journal ne paraît plus.

Conditions de travail désastreuses

Primes et indemnités impayées, conditions de travail insupportables, les problèmes des agents de l’ATPE ne trouvent pas de satisfaction depuis plusieurs mois. Les sorties médiatiques qu’ils ont eu à faire et des négociations entamées avec les responsables du ministère en charge de la Communication ont été vaines. C’est au total 18 mois de leurs primes et indemnités qui ne sont pas payées jusqu’à présent. “Ces avantages qui devraient soulager la souffrance des agents depuis 2012, l’année à laquelle l’ATPE a commencé à jouir d’une autonomie de gestion n’ont pas été versés“, regrette le délégué du personnel, Blaise Djimadoum Ngargoune, face à ses confrères journalistes.


Cette autonomie semble être paralysée par la mauvaise gestion des ressources, pense-t-il. Le journal “L’info” qu’on imprime à 1 000FCFA, on vend à 250FCFA seulement. C’est déjà là l’une des causes des malheurs de cette agence de presse. Aussi, la subvention de 600 millions allouée à l’Agence a été diminuée pour atteindre 45 millions, explique le délégué du personnel.


Les agents qui comptaient sur les conseils d’administration tenus respectivement en 2019 et 2020, pour voir leurs conditions de vie et de travail s’améliorer ne constatent qu’une dégradation de leur situation. “Nous sommes allés de promesses en promesses sans actes concrets”, fait savoir Blaise Djimadoum Ngargoune.

Le tombeau est creusé

Pour décrier la situation qu’ils traversent, le délégué du personnel de l’ATPE a projeté une conférence de presse pour le mardi, 11 janvier. A la veille de cette conférence de presse, le 10 janvier, un arrêté nommant 20 agents de l’ATPE au secrétariat général du ministère de Communication est rendu public. Un autre, le 11 janvier, nomme une nouvelle présidente du conseil d’administration de l’Agence.


Quelle est l’intention derrière ces arrêtés ? En tout cas, les agents pensent que c’est une diversion. Mais qu’elle n’aura aucune influence sur leur lutte. Ils comptent même s’attaquer à cet acte ministériel auprès des juridictions compétentes. Ils projettent également saisir l’Inspection générale d’Etat pour faire l’état de la situation de leurs primes et indemnités.


Sans un responsable nommé par le ministère, sans un local propre, tout amène à penser que l’ATPE est seule face à son malheur et son destin. En affectant ses agents dans d’autres domaines que le journalisme, son tombeau est déjà creusé. Ses funérailles se préparent et il faut songer probablement à son enterrement et peut-être à sa résurrection sous une autre appellation.