Interpellé le 19 mai, Me Max Loalngar, est l’un des leaders de la coordination des actions citoyennes Wakit Tamma, placés sous mandat de dépôt à la maison d’arrêt de Klessoum avant d’être déportés à Moussoro, à plus de 300 Km de N’Djaména. Hier lundi 6 juin, comme ses cinq compagnons, il a été jugé et condamné à un an d’emprisonnement avec sursis. Il revient sur les circonstances de son arrestation et de sa détention pendant trois semaines.

Un matin du 17 mai 2022, alors qu’il était en visite familiale chez sa mère, au quartier Chagoua dans le 7ème arrondissement, Me Max Loalngar a reçu la visite de quelques éléments de sécurité habillés en civil qui ont fait leur entrée chez sa mère. « Dès leur entrée, ils avaient l’intention de mettre du bordel. Aussitôt, je me suis levé pour leur signifier que je ne m’oppose pas si c’est moi que vous voulez arrêter tout en tendant mes mains, ils ont fini par me menotter », se souvient Me Max Loalngar qui indique être même en prière avec son grand-frère quand ces individus les ont interrompus.

Embarqué dans un véhicule sans aucune plaque d’immatriculation, ce dernier se retrouve aux Renseignements généraux (RG), lieu craint par beaucoup de Tchadiens. Tout ceci, au mépris de son statut d’avocat qui dispose de l’immunité. « J’ai été arrêté comme une vulgaire personne non seulement au mépris de mon statut d’avocat mais aussi et surtout, au mépris du respect de la vie humaine, du respect des us, coutumes et du bon sens mais aussi du savoir-vivre », regrette-t-il l’acte posé par ceux qui « l’ont enlevé ».

Après deux jours dans les locaux des RG, ce dernier se retrouve à la Coordination de la police judiciaire avant de se retrouver à la Maison d’arrêt de correction de Klessoum derrière les autres, arrêtés avant lui. « Sans crier gare, sans même nous expliquer le pourquoi de notre arrestation, nous avons revu les policiers venus nous chercher à Klessoum le vendredi 20 mai. C’est un ouf de soulagement pour tous les autres détenus qui pensaient que nous n’avons rien fait, donc notre place est dehors », se rappelle-t-il de la scène.

De Klessoum à la périphérie de N’Djaména à Moussoro, à plus de 300 Km

La surprise pour les six leaders de Wakit Tamma, ce n’est pas une libération dont jubilent les autres codétenus. « Nous avons été embarqués comme des brigands avec un arrêt à l’espace Fest’Africa et après, nous nous sommes retrouvés dans l’avion sans toutefois savoir dans quelle direction on nous amène », se remémore Me Max. Pour lui, les actes d’enlèvements et d’ignominie se sont poursuivis une fois de plus encore. « Nous décollons de l’aéroport sans avoir la moindre idée sur notre destination. Subitement, c’est la vue du château d’eau de Moussoro que j’ai aperçu puisque j’y ai voyagé là-bas pour connaître la localité ».

Et c’est de là, se rappelle-t-il une fois de plus, qu’on leur a fait savoir que c’est à Moussoro qu’ils sont en train d’être expédiés.

Il témoigne toutefois d’un bon traitement reçu à la maison d’arrêt de Moussoro car résume-t-il, ils sont détenus dans les conditions très respectueuses de la vie humaine et de leur personnalité. « Je remercie toute la ville de Moussoro pour l’amour que sa population à témoigné envers nous », témoigne sa reconnaissance, Me Max Loalngar. Durant leur séjour, à Moussoro, les six leaders de wakit Tamma ont entamé une grève de faim pour dénoncer leur déportation.

Après le verdict de leur condamnation à un an de prison avec sursis, à 50 000 F CFA d’amende et à 10 000 000 F CFA de dommages et intérêts à payer collectivement, les six leaders de Wakit tamma ont été embarqués par deux véhicules du syndicat des transporteurs sous l’escorte du Groupement mobile d’intervention de la police (Gmip) en direction de N’Djaména.

Il se remémore une fois de plus que les éléments du Gmip chargés de les escorter ont brillé par les mêmes pratiques humiliantes car dit-il, ils ont été traînés à travers la ville malgré leur libération. « A 5 Km de Massaguet, les éléments du Gmip qui nous escortaient ont passé tout le temps avec leurs collègues. Et de là, ils ont soupçonné que la population nous attendait à l’entrée de N’Djaména d’où le changement du trajet par la brousse, en passant par Gaoui », explique-t-il. Pour lui, ils n’ont reçu aucune information sur le détournement de leur trajet. « Pire, nous avons été accueillis par une escouade de véhicules militaires de tous les services de sécurité du pays. C’est ignoble, c’est monstrueux, c’est inadmissible. On ne saurait reconnaître tout cela à aucun gouvernement responsable dans aucun pays du monde », condamne Me Max Loalngar ce qu’ils ont subi durant plus de trois semaines de leur arrestation.