ENTRETIEN – Pour éviter la propagation du coronavirus au Tchad, les autorités ont demandé aux étudiants qui rentrent du Cameroun de s’auto-confiner. Mais certains préfèrent intégrer leurs familles. Trois questions à Irmane Blaise, chef du village Sorga, confronté à cette situation.

Tchadinfos : Avez-vous fait face à l’arrivée dans votre village, dans le Mayo Kebbi Ouest, des étudiants tchadiens rentrés clandestinement du Cameroun voisin ?

Irmane Blaise (chef du village Sorga) : Oui, il s’agit de huit étudiants : une fille et sept garçons. Ils sont arrivés au village Sorga d’une manière clandestine. Ils  ont quitté Yaoundé, Ngaoudere et sont passés par la ville de Maroua. Là-bas, ils ont pris des motos-taxis afin de déjouer les contrôles. C’est de cette manière qu’ils sont arrivés au village [le 31 mars] au matin.

Qu’avez-vous fait et comment vont-ils aujourd’hui ?

Nous sommes informés de la pandémie de coronavirus à travers les radios communautaires qui relaient les messages en boucle. C’est ainsi que la population est venue m’informer de l’arrivée de ces étudiants. Aussitôt, je les ai convoqués pour les écouter.

Ensuite, j’ai saisi mes chefs hiérarchiques qui ont, à leur tour, alerté les autorités sanitaires du département. Ces dernières ont immédiatement dépêché le chef de service d’hygiène et d’assainissement qui est venu prendre la température de ces jeunes et écouter leurs récits avant de nous demander de les mettre en quarantaine pour une durée de 14 jours.

La gestion et le suivi de ces étudiants sont actuellement confiés à l’agent de santé du village qui a reçu des consignes à faire respecter. Quant aux huit jeunes, ils sont en bonne santé et ne présentent aucun symptôme du coronavirus. Ils sont très coopératifs, mais très épuisés par le long voyage qu’ils ont effectué.

Avez-vous le sentiment d’avoir agi conformément aux instructions et décisions du gouvernement concernant ces étudiants qui rentrent clandestinement au pays ?

Je n’ai pris aucune décision sans avoir consulté au préalable mes chefs hiérarchiques. Donc, il n’y a pas de crainte car ce sont eux qui m’ont conseillé d’intervenir. Moi, je ne fais que suivre leurs instructions. Nous devons continuer à sensibiliser davantage la population pour qu’elle dénonce régulièrement tous ceux qui rentrent clandestinement à Mayo Kebbi Ouest.

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