Lors d’une rencontre tenue le dimanche 6 avril 2025, les sept chefs de cantons de la communauté Sara Madjingaye, dans les provinces du Mandoul et du Moyen-Chari, ont dénoncé les événements survenus dans le canton Bedaya le 22 mars 2025, qu’ils attribuent au Mbang Dayan de Bedaya.

Selon eux, les violations de territoire et les abus de pouvoir de l’actuel Mbang Dayan de Bedaya compromettent le vivre-ensemble et la cohabitation pacifique prônés par les plus hautes autorités du pays. À titre d’exemple, ils citent plusieurs incidents : la descente à Sewé, dans le canton Bessada, où le Mbang Dayan, muni d’une arme à feu, a procédé à l’arrestation du chef de village, du chef coutumier et du représentant des jeunes, sans informer les autorités administratives et traditionnelles compétentes, notamment le chef de canton. Ils mentionnent également une intervention musclée dans le canton Djoli, visant à arrêter le chef de terre, qui a failli dégénérer en bain de sang sans l’intervention du chef de canton. Un autre incident relevé concerne l’incitation à la rébellion du chef initiatique de Bangoul contre une décision du chef de canton interdisant la pratique de l’excision.

Les chefs de cantons dénoncent ces “agissements”, qu’ils considèrent comme des “immixtions, des menaces et des abus” perpétrés par le Mbang Dayan à l’encontre des autorités coutumières et du pouvoir des chefs de canton. Ils accusent également certains hommes politiques et cadres des deux provinces de manipuler les autorités coutumières et certaines franges de la population pour s’opposer aux chefferies “légitimes”.

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Face au silence de l’administration centrale, en violation de l’article 15 de la charte d’éthique et de bonne conduite des autorités coutumières et traditionnelles du Tchad, les sept chefs de cantons, se référant à leur statut et à leurs attributions définis par l’article 21 de la loi organique N°13/PR/2010, rappellent que la révocation d’un chef de canton ne peut être prononcée que par décret, sur proposition du ministre en charge de l’administration du territoire.

En conséquence, ils affirment que le Mbang et ses partisans n’ont aucun pouvoir pour révoquer un chef de canton. Tout en soutenant la politique du gouvernement, conformément aux textes et lois de la République, ils rejettent catégoriquement les comportements du Mbang, qu’ils jugent contraires aux principes de vivre-ensemble et de cohabitation pacifique.

« Le Mbang est soumis à l’autorité du chef de canton, et non l’inverse. Il doit respecter strictement les limites de son pouvoir. Si à l’avenir il persiste dans ses abus et malversations, nous cesserons toute collaboration avec lui et lui retirerons toute légitimité », martèle le document signé de ces chefs de canton.

Les chefs de cantons demandent aux autorités compétentes de rappeler le Mbang Dayan à l’ordre et exigent une interpellation urgente et sans condition des auteurs et complices des récents événements de Bedaya, afin de restaurer la quiétude au sein de la population.

Le document est signé par les chefs des cantons de Koumra, Matekaga, Bessada, Bedaya, Djoli, Balimba et Koumogo.