Les conseillers municipaux ont jeté leur dévolu sur Ibrahim  Foullah Wang Laouna pour diriger la mairie de la capitale en lieu et place d’Oumar  Boukar. Cela s’est passé hier lors d’un conseil extraordinaire. Tout le monde accuse l’ancien édile de gestion chaotique des ressources de la municipalité.

Une fois de plus, la mairie centrale a changé de titulaire. Désormais c’est Ibrahim Foullah Wang Laouna  qui prend  les rênes à la veille des consultations électorales qui se profilent à l’horizon. C’est au terme d’un conseil extraordinaire  tenu ce mardi 22  décembre 2020 que les conseillers municipaux ont congédié M. Oumar Boukar. Ce dernier a remplacé en juillet de cette année M. Saleh Abdelaziz Damane  accusé de malversations financières et de détournement des deniers publics  et embastillé pendant plusieurs mois à la maison d’arrêt  avant d’être libéré. Cet énième changement à la tête de la mairie a été diversement apprécié sur le landerneau politique tchadien. Pour beaucoup d’observateurs, c’est la mauvaise gestion qui est à l’origine de cette saga. La plupart des  édiles  qui ont plastronné à la tête de cette municipalité n’ont jamais travaillé dans l’intérêt de la population. Ils se sont servi à satiété. Les ressources engrangées prennent souvent des directions inconnues ou bien les poches des responsables. Alors que la ville baigne dans une insalubrité indescriptible.  Il faut rappeler que la gestion opaque des mairies est décriée aujourd’hui un peu  partout. Ce n’est pas seulement à la mairie centrale que l’on observe cette gestion scabreuse des ressources financières et matérielles. L’exemple le plus illustratif est celui de la mairie du 7ème arrondissement où tous les trois à quatre mois, on change les maires. Et le motif invoqué pour limoger ces responsables indélicats,   c’est le pillage à ciel ouvert  et le détournement des sommes colossales de l’institution à leur profit. Cette scène digne d’un film cowboy s’est produite  à la mairie du 9ème arrondissement où le bourgmestre a géré  cette institution comme une épicerie. Les mauvaises langues ont laissé entendre qu’il n’a placé  que  ses affidés à des postes stratégiques dans le but de piller tout kopeck qui tombe dans leur escarcelle.  Ce qui a provoqué l’ire des conseillers municipaux  qui l’ont suspendu et depuis lors des tractations  vont bon train afin de trouver l’oiseau rare qui pourra travailler pour la population. De tiraillements en tiraillements, aucune solution adéquate n’a été trouvée et c’est l’intérimaire qui continue d’expédier les affaires courantes. La mairie du sixième arrondissement est également logée dans la même enseigne. Il y a eu des grognes et des maires ont payé pour leur gabegie et remplacés par d’autres par les conseillers municipaux trop regardants dans leur gestion.  Ces changements à tout bout  de  champ prouvent que la décentralisation tant prônée par les plus hautes autorités dans le cadre de l’ancrage de notre démocratie  est un échec patent, il faut peut-être réinventer une autre forme  de gestion pour que l’on ne détourne pas allègrement l’argent du contribuable tchadien.  Ceux qui confondent les caisses de la mairie aux leurs doivent être traqués jusqu’à leur dernier retranchement. Il y a parmi les conseillers municipaux, des cadres compétents qui peuvent mieux  gérer ces mairies dans la règle de l’art,  alors il faut leur confier les destinées des institutions que de confier aux bandits au col blanc qui picorent tout sur leur passage. Comme dirait un vieux dicton « c’est au pied du mur que l’on reconnaît le maçon ». Alors on attend du nouvel édile qu’il imprime sa marque pour rendre cette ville vivable.

Narcisse Mbaïnadji Laldjim