A la 16e session extraordinaire de la conférence de l’Union africaine sur le terrorisme et les changements anticonstitutionnels de gouvernement en Afrique, qui s’est tenue le 28 mai à Malabo, capitale de la Guinée Équatoriale, le président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, a retracé l’évolution du terrorisme sur le continent.  Il plaide pour l’opérationnalisation de la Force africaine.

Le terrorisme était au départ localisé « essentiellement » en Somalie et en Algérie, situe Moussa Faki. Vaincu en Algérie, il a prospéré en Somalie. C’est à partir de 2011, que le terrorisme s’est « véritablement » explosé en Afrique à la faveur de la crise libyenne. « Celle-ci a favorisé l’arrivée au Sahel de milliers de combattants et de mercenaires étrangers. Elle a provoqué l’afflux d’organisations terroristes défaites au Moyen-Orient. Elle a occasionné la circulation incontrôlée des armes », déplore-t-il.

Progressivement, poursuit le diplomate Faki, le terrorisme a pris de l’ampleur et a étendu ses tentacules à d’autres régions du continent. « De la Lybie, au Mozambique, du Mali, du Golfe de Guinée en Afrique de l’Ouest à la Somalie en passant par le Sahel, le bassin du Lac Tchad et l’Est de la RDC, la contagion continue de s’accentuer », alerte-t-il.

L’Afrique n’a pas tardé à réagir à travers la constitution de forces communes de lutte telles que la Force mixte multinationale dans le bassin du Lac Tchad, la Force conjointe du G5 Sahel. Aux mesures opérationnelles s’est ajoutée la réactivation par l’Union africaine des instruments juridiques destinés à lutter contre le terrorisme comme le Plan d’action sur la prévention et la lutte contre le terrorisme  adoptée en 2002.

En dépit de ces initiatives, le terrorisme ne faiblit pas. D’abord, souligne le président de la Commission de l’UA, en raison d’une insuffisante solidarité africaine avec les pays victimes de ce phénomène. Mais aussi en raison « du non-respect de nos propres engagements ». En exemple, il cite la Force africaine qui n’est toujours pas opérationnelle. « Les armées africaines comptent environ 2.700.000 d’hommes. Mobiliser 1 à 2% de cet effectif et les doter des moyens nécessaires permettraient de réduire notre dépendance des forces étrangères et de faire face, avec plus de chance de succès, au terrorisme », interpelle Moussa Faki.