Le département de géographie de l’Université de N’Djamena a entamé, depuis le 20 novembre, les soutenances des mémoires de master pour l’année académique 2023-2024. Jusqu’au 3 décembre, 45 étudiants, issus de spécialités telles que Population et développement, Gestion foncière et Gestion des territoires et développement, défileront devant des jurys pour défendre leurs travaux de recherche.

Ce 23 novembre, Abdelkerim Ahmat Abdelkerim, étudiant en gestion foncière, a présenté les résultats de son étude intitulée « Les inondations et leurs impacts sur la plaine de Bongor ». Il souligne que le Tchad, situé en Afrique centrale, subit régulièrement des inondations, notamment dans les régions proches des lacs et fleuves comme le Chari et le Logone. Des exemples marquants incluent les cas de la région du Salamat, de la capitale N’Djamena, et particulièrement de Bongor, qui a attiré l’attention du chercheur.

« Cette situation récurrente nous a poussés à entreprendre cette recherche afin de mesurer les impacts socio-économiques des inondations et d’évaluer les actions mises en œuvre par l’État et ses partenaires pour y faire face », a expliqué Abdelkerim lors de sa soutenance.

Pour mieux comprendre les phénomènes hydro-géomorphologiques des inondations à Bongor, l’étudiant a analysé les caractéristiques physiques du sous-bassin versant de la ville. Celui-ci couvre une superficie de 6 517,4 km², avec un périmètre de 614,64 km et une densité de drainage de 0,02 km/km². Ces paramètres expliquent en partie la récurrence des inondations, enregistrées notamment en 2016, 2019, 2022 et 2024.

Les impacts des inondations sont nombreux selon l’étude. En matière de santé, elles engendrent 39 % des cas de paludisme, 27 % de diarrhée, 25 % de fièvre, et 9 % de décès accidentels. Sur le plan économique, elles entraînent une réduction de 40 % de la production rizicole, activité majeure dans la région. En termes environnementaux, elles provoquent une dégradation des sols et de la couverture végétale.

Dans ses recommandations, Abdelkerim insiste sur la prise en compte du risque hydrologique dans la planification urbaine. Il estime que les autorités municipales doivent éviter la vente et la construction dans les zones à risque. Un plan d’occupation des sols bien structuré doit être mis en place, distinguant clairement les zones habitables des espaces à haut risque d’inondation.

Les aménagements hydrauliques devraient inclure des interventions en amont respectant les zones d’exutoire en aval. Le recadrage du fleuve devrait se conformer aux lignes naturelles d’écoulement, accompagné de digues bien conçues pour limiter les débordements.

Le mémoire a été validé par le jury, qui lui a attribué la mention Bien, saluant l’approche rigoureuse et les propositions concrètes de l’impétrant. Ce travail illustre l’importance de la recherche universitaire pour aborder les défis socio-environnementaux auxquels le Tchad est confronté, tout en offrant des solutions adaptées pour le développement durable.