BANGKOK – Les éléphants d’Afrique font face à la plus grave crise de conservation depuis l’interdiction du commerce international de l’ivoire en 1989, selon un rapport présenté mercredi qui met en évidence le triplement du trafic des défenses depuis quinze ans.

Une tendance prononcée à la hausse à la fois du braconnage des éléphants d’Afrique et du commerce illégal de l’ivoire est particulièrement évidente depuis 2007, explique ce rapport rédigé par plusieurs organisations spécialisées, dont la Convention sur le commerce international des espèces protégées (Cites), réunies à Bangkok.

Il est clair que les éléphants d’Afrique font face à la plus grave crise de conservation depuis que l’espèce a été transférée en 1989 à l’annexe I de la Cites, qui interdit le commerce international sauf exception. Certaines populations locales sont ainsi menacées d’extinction.

Le commerce illégal d’ivoire a doublé depuis 2007 et plus que triplé depuis 1998, ajoute le document.

C’est le travail du crime organisé. Vous n’investissez pas dans des centaines et des centaines de défenses comme un passe-temps frivole, a souligné Tom Milliken, expert de l’ONG Traffic, qui gère le Système d’information sur le commerce des éléphants (ETIS) de la Cites.

A moins que la Cites n’aborde le problème sérieusement, nous ne gagnerons pas cette bataille, a-t-il martelé en réclamant des sanctions contre les pays accusés de passivité face au trafic.

Trois pays d’origine (Ouganda, Tanzanie, Kenya), trois pays de transit (Malaisie, Vietnam, Philippines) et les deux principaux marchés (Chine et Thaïlande) ont été identifiés et sommés de présenter la semaine prochaine des plans d’action crédibles, a précisé Tom de Meulenaer, de la Cites.

Ces plans seront défendus le 14 mars au comité permanent de la convention, habilité à prendre des sanctions allant d’un avertissement à un embargo sur le commerce de quelque 35.000 espèces placées sous sa protection.

Pouvez-vous imaginer ce que cela voudrait dire pour un pays comme le Vietnam, la Chine, ou la Thaïlande par exemple, si tout le commerce d’espèces sauvages, son commerce d’orchidées, son commerce massif de produits de crocodiles étaient arrêtés ?, a déclaré M. Meulenaer, en estimant qu’il n’était pas invraisemblable que de telles des mesures soient prises.

Il reste entre 420.000 et 650.000 éléphants en Afrique, selon le rapport.

Le secrétaire général de la Cites avait estimé en février que leur braconnage en 2012 serait probablement plus élevé que l’année précédente, lorsque 25.000 individus avaient été abattus.

(©AFP / 06 mars 2013 13h35)