Le chef du gouvernement intérimaire libyen Abdelhamid Dbeibah a appelé dimanche à l’élaboration d’une Constitution avant des élections présidentielle et législatives, reportées en décembre sur fond de divergences entre camps rivaux, informe l’AFP.

“Nous avons plus que jamais besoin d’une Constitution qui protège le pays et ses citoyens et qui régisse les élections”, a affirmé M. Dbeibah lors d’un colloque à Tripoli, intitulé “La Constitution d’abord”, réunissant plusieurs notables de l’Ouest libyen. Les Libyens “veulent des élections libres qui respectent leur volonté, et non la prolongation de la crise avec une nouvelle transition”, a-t-il poursuivi, cité par l’Agence France presse.

Quelque 2,4 millions de Libyens avaient récupéré leur carte d’électeur, sur une population de 7 millions, en vue d’un double scrutin initialement prévu le 24 décembre, et longtemps attendu comme l’aboutissement d’un processus de paix parrainé par l’ONU pour sortir le pays d’une décennie de chaos depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011, rappelle notre confrère.

“Notre problème aujourd’hui, c’est l’absence d’une base constitutionnelle ou d’une Constitution”, a martelé M. Dbeibah devant les chefs des principales institutions, parmi lesquels Khaled el-Mechri, président du Haut conseil d’Etat et Seddik al-Kebir, gouverneur de la Banque centrale. “Certaines parties ont aggravé la crise” avec des lois “taillées sur mesure” en faveur de plusieurs candidats au détriment d’autres, a-t-il dénoncé, en référence à la loi électorale promulguée sans vote en septembre par le président du Parlement, Aguila Saleh, un allié du maréchal Khalifa Haftar, l’homme fort de l’Est, tous deux candidats à la présidentielle.

Le Premier ministre intérimaire était également dans la course alors qu’il s’était engagé à ne pas se présenter durant sa désignation il y a un an pour mener la transition.

Un responsable de la commission chargée de la rédaction de la Constitution, Daou al-Mansouri, a rappelé que cette commission, élue au suffrage universel en 2014, avait soumis en juillet 2017 au Parlement un projet définitif de Constitution devant faire l’objet d’un référendum. Un projet resté lettre morte, la Chambre des représentants n’ayant toujours pas organisé de référendum sur la Constitution libyenne, supprimée au lendemain du coup d’Etat de Kadhafi en 1969.

Le président du Parlement a proposé mardi la mise en place d’une nouvelle commission composée d’experts libyens et étrangers afin de rédiger un nouveau projet de Constitution, et demandé à la commission parlementaire chargée du suivi des élections de fixer, avant fin janvier, une date “définitive” pour les élections.