Depuis dix jours le capitaine Amadou Sanogo, promu général, refusait de se rendre aux convocations de la justice malienne, qui souhaitait l’entendre au sujet des exactions commises par ses hommes, les «bérets verts», à la suite au putsch de mars 2012. Il a finalement été inculpé ce mercredi de meurtres et assassinats, complicité de meurtres et assassinats, et placé sous mandat de dépôt par le juge Karembé après son audition
«Les Touaregs ne veulent pas de nous, et moi je ne veux pas d’eux» Par Jean-Louis Le Touzet
Des dizaines de militaires se sont déplacés en matinée dans le quartier dit «des présidents», dans le centre de Bamako, là-même où Amadou Toumani Touré («ATT»), l’ancien président destitué, possède une villa. Selon un militaire sur place : «Nous venons exécuter un mandat d’amener». Puis Sanogo a été poussé à l’arrière d’un véhicule.

En renversant en mars 2012 le président Amadou Toumani Touré, Sanogo a précipité le pays dans la crise, les islamistes armés exploitant la situation pour prendre le Nord jusqu’à l’opération Serval en janvier dernier. Son inculpation porte sur sa responsabilité présuméee dans la disparition dans les mois suivants le coup d’Etat de «bérets rouges», des militaires fidèles à ATT, dans le camp militaire de Kati. Le Président Ibrahim Boubacar Keita (IBK), élu en août, avait déclaré qu’il fallait mettre fin à «la République de Kati», ce lieu distant de 10 km de Bamako où auraient défilé hommes politiques et hommes d’affaires, certains pour faire allégeance au pouvoir de Sanogo, alors tout puissant. Aujourd’hui certaines sources assurent que Sanogo détiendraient des preuves compromettantes de ces rencontresqui pourraient, selon une source, «mouiller» une partie de la classe politique malienne.

LE FILS DU JUGE AGRESSÉ
«C’est une victoire pour les familles des victimes et la justice malienne dans une affaire hautement sensible. C’est un signal fort pour la lutte contre l’impunité qui démontre que personne n’est au dessus des lois. La FIDH et l’AMDH, qui accompagnent les victimes et qui s’apprêtent à se constituer parties civiles à leurs côtés dans la procédure judiciaire, contribueront à ce que toute la lumière soit faite sur le sort réservé aux disparus», a déclaré Me Mariko, avocat des victimes.

La tension autour de l’affaire Sanogo est palpable puisque le fils du juge d’instruction Karembé, qui est chargé de l’affaire des «bérets rouges disparus», a été agressé hier à la mi-journée sur le chemin de son lycée par trois individus munis d’armes blanches. Le jeune homme a été blessé au genou et aspergé par du gaz lacrymogène avant de se faire voler sa moto. Il serait hors de danger.

Par ailleurs, ce mercredi, la première manifestation contre «la présence française à Kidal» a rassemblé un demi-millier de personnes dans le centre-ville au moment où Sanogo était présenté à son juge d’instruction.

 

Source : Liberation