Aujourd’hui 23 juin, c’est la Journée mondiale de la Fonction publique. L’humanité la célèbre pour mettre en valeur le rôle de l’administration publique dans le développement des communautés. Au Tchad, de nombreuses tares entament fortement son bon fonctionnement.

Pendant cette commémoration, l’ONU encourage ses États membres à organiser des activités pour souligner la contribution du service public au processus de développement. C’est l’occasion de mettre en exergue le travail des agents de l’État ou de la Fonction publique et d’inciter les jeunes à choisir et à poursuivre une carrière dans le secteur public.

Pour cela, il sied que les institutions ou l’administration publique soient efficaces, responsables et inclusives pour rendre service aux communautés ; Sous d’autres cieux, peut-être, mais il n’en rien au Tchad. Car le constat dépeint une réalité désolante. On note, par exemple, un mauvais accueil dans l’administration publique alors que l’accueil en soit n’est pas anodin. A l’hôpital public, par exemple, le constat est prégnant. Pourtant, un bon médecin nous confie que “un bon accueil guérit déjà le malade à moitié”.

La lenteur administrative fait partie aussi des facettes infernales de la Fonction publique. Après une interminable attente pour déposer un document, sans parler du mépris des agents de l’État, il faut mettre des jours voire des semaines pour le retirer. Des fois, l’on ne retrouve jamais ses documents bien qu’on ait payé pour cela. Sinon, il faut graisser des pattes, mouiller des barbes (Agal goro en arabe locale ou de l’argent pour la noix de kola). La corruption, les affinités, le favoritisme, l’incivisme, l’insolence, etc. ont pris en otage l’administration.

De nombreux fonctionnaires ou agents de la Fonction publique baignent dans la fainéantise et le non-respect des horaires de travail. Ils arrivent tard au travail, entre 9h et 10h pour rentrer juste à l’heure de pause, 13h. Les ordinateurs destinés au travail sont transposés en écran de connexion sur les réseaux sociaux ou en console de jeux. Les arbres dans les cours sont désormais des coffres shop pour les fumeurs, d’espaces de drague, de conversations inutiles. D’aucuns parlent en leur langue même au travail ou viennent pour dormir et profiter de l’air conditionné. D’autres émargent même deux fois sur le dos de l’État.

Les enseignants, les corps soignants abandonnent leur poste des provinces et préfèrent rester dans la capitale pour faire la vacation dans des établissements scolaires privés, travailler dans des cliniques, etc. Les forces de l’ordre, elles, sont connues pour leur mépris des lois . Elles intimident, brutalisent et ne respectent pas leur métier pourtant noble. Oubliant que l’uniforme qu’elles portent vient du contribuable.

Les jeunes ne veulent l’intégration à la Fonction publique que pour aller s’y reposer car c’est une garantie et l’on peut vaquer à ses activités personnelles sans être inquiété.

Ces quelques illustrations ne sont que la partie émergée de l’iceberg car elles sont légion.

Mais somme toute, il convient de rappeler que l’administration publique est une pierre angulaire des gouvernements et joue un rôle essentiel dans l’amélioration de la vie des citoyens. Celle du Tchad doit être réinventée vers une voie positive et nécessaire pour aller de l’avant. Elle doit être modernisée, transformée et recyclée (par des suivis évaluations réguliers) pour s’adapter aux besoins actuels. Car si l’administration publique n’est pas compétente, les gouvernements seraient incapables d’agir et cela est un frein au développement du pays.

BACTAR Frank I.