Selon un rapport de l’ONU publié ce lundi, ces dix dernières années, les avancées en matière de lutte contre les préjugés sexistes son inexistantes.

Le sexisme reste un obstacle à l’égalité entre les femmes et les hommes, estiment ainsi les auteurs de l’étude, en se fondant sur l’indice des normes sociales de genre (GSNI). Calculé grâce aux données du World Values Survey – un projet international sur l’évolution des valeurs et des croyances dans le monde –, cet indice permet de quantifier les préjugés à l’égard des femmes selon quatre critères (politique, éducation, économie et intégrité physique).

D’après le rapport, qui reflète les dernières données de l’enquête sur les valeurs dans le monde, 25 % des personnes pensent qu’il est justifié qu’un homme batte sa femme.

Ces préjugés sont à l’origine des obstacles rencontrés par les femmes, qui se manifestent par un démantèlement des droits des femmes dans de nombreuses régions du monde, par des mouvements contre l’égalité des sexes qui gagnent du terrain et, dans certains pays, par une recrudescence des violations des droits de l’homme.

Le rapport met également en lumière la rupture du lien entre les progrès des femmes en matière d’éducation et l’émancipation économique. Les femmes sont plus qualifiées et plus instruites que jamais, mais même dans les 59 pays où les femmes sont désormais plus instruites que les hommes, l’écart de revenu moyen entre les sexes reste de 39 % en faveur des hommes.

Un frein au développement humain en général

Ces préjugés constituent des « obstacles » pour les femmes et conduisent à des « violations » de leurs droits. « Sans s’attaquer à ces normes sociales de genre, nous ne parviendrons pas à l’égalité hommes-femmes ni aux Objectifs de développement durable », met en garde le rapport. Cette stagnation des préjugés intervient dans un contexte de recul du développement humain en général, lié notamment à la pandémie de Covid-19.

Le changement est possible

Le rapport souligne que malgré la persistance des préjugés à l’encontre des femmes, les données montrent qu’il est possible de changer les choses.

Une augmentation de la proportion de personnes n’ayant aucun préjugé, quel que soit l’indicateur, a été constatée dans 27 des 38 pays étudiés. Les auteurs du rapport ont déclaré que pour faire évoluer la situation vers une plus grande égalité entre les hommes et les femmes, il faut se concentrer sur l’expansion du développement humain par l’intermédiaire de l’investissement, de l’assurance et de l’innovation.

Il s’agit notamment d’investir dans des lois et des mesures politiques qui favorisent l’égalité des femmes en matière de participation politique, d’étendre les mécanismes d’assurance, tels que le renforcement de la protection sociale et des systèmes de soins, et d’encourager les interventions innovantes qui pourraient être particulièrement efficaces pour remettre en question les normes sociales néfastes, les attitudes patriarcales et les stéréotypes sexistes.