Mises au ban de la société, les personnes handicapées s’évertuent plutôt à s’écharper entre elles.

Des querelles de leadership. Voilà à quoi se résument ces invectives que se lancent de toutes parts les personnes handicapées. Par médias interposés, elles se qualifient de tous les noms d’oiseaux. « Le Réseau des personnes handicapées du Tchad (Rephat) met en garde un groupe de perturbateurs des personnes vivant avec le handicap qui cherche à utiliser le handicap comme un fonds de commerce », avait posté le Rephat sur sa page Facebook, à la veille de la journée sans tricycle programmé le 5 novembre par un groupe de personnes handicapées conduit par Ali Justin. « La semaine dernière, ces individus ont reçu de la main de madame la ministre Amina Priscille Longoh, une somme d’assistance de cinq millions », avait regretté le Réseau, photo à l’appui.

Le Rephat parle même d’un groupe de 30 personnes qui serait en train de « semer » des « troubles » au sein des organisations des personnes vivant avec le handicap. « Les actions qu’ils cherchent à entreprendre le 5 novembre ne les engagent qu’eux-mêmes et non la corporation des personnes vivant avec le handicap », s’était désolidarisé le Rephat, par la voix de son président, Galmaï Moussa Abdramane.

Ces personnes handicapées qui avaient commencé à « ramper » à partir de l’ambassade des États-Unis avaient été gazées puis dispersées par les forces de l’ordre. « J’ai ma maitrise en histoire, ma licence en gestion des ressources humaines mais l’État ne veut pas m’intégrer. Et pour me prendre en charge, il faut que j’aille à Kousseri. On nous a formés en microcrédit. On a écrit des projets. On nous soumet à des garanties. On n’a pas les moyens. Qui va prendre ces garanties ?», s’était demandé un manifestant, visiblement très remonté. Même si le Rephat avait notamment  qualifié cette manifestation de pratiques qui ne les « honorent »  pas, il y avait eu ce jour une forte mobilisation de personnes handicapées. Sous le viaduc de Chagoua,  les engins pouvaient à peine circuler.

Le porte-parole des organisations de personnes handicapées, Mbaiodji Ghislain, a également au cours d’un point de presse, fait le vendredi dernier, qualifié ces manifestants de « perturbateurs ». Réponse du berger à la bergère. « Nous sommes toutes des personnes handicapées », avait tenu à rappeler Ali Justin, le porte-parole des manifestants. «  Ils disent qu’ils ne nous reconnaissent pas. Depuis quatre mois, on est en train de lutter pour qu’on nous ouvre la route de Kousseri. Ils sont contre nous mais nous ne sommes pas contre quelqu’un. A tous les Judas Iscariot, je dis stop ! », avait-il tonné.

A la suite des promesses faites par les autorités, le camp d’Ali Justin se donne un temps de réflexion avant d’engager éventuellement d’autres actions. «  Si rien n’est fait, on n’a pas signé quelque chose pour dire qu’on ne va pas ramper », avait-il développé, dimanche, estimant qu’ils mènent une « lutte noble ».