Interrogé par le service actualités et presse de l’Alliance Sahel, Ousmane Diagana, vice-président de la Banque mondiale pour l’Afrique de l’Ouest et Centrale, explique comment les défis auxquels font face les pays du Sahel impactent négativement l’éducation des populations.   

C’est depuis le 1er juillet 2020 qu’Ousmane Diagana assure la vice-présidence de la Banque mondiale pour l’Afrique de l’Ouest et Centrale. A ce poste, il coordonne les relations avec 22 pays et gère un portefeuille de projets, d’assistance technique et de ressources financières de plus de 47 milliards de dollars.

Ousmane Diagana reconnait que la zone sahélienne est confrontée actuellement à plusieurs défis, dont le premier est d’ordre physique. « Les pays sahéliens pour la plupart sont enclavés, vastes et peu densément peuplés. Cette caractéristique géographique rend la délivrance et l’accès à certains services extrêmement difficile. Par ailleurs, la croissance démographique rapide aggrave les défis, posant des problématiques diverses en termes d’investissements dans la construction des écoles, de disponibilité de l’électricité dans les écoles, de déploiement des enseignants dans des zones éloignées et difficiles d’accès, de distribution du matériel (…) ».

Fournir un service éducatif dans ce contexte est difficile. Offrir des services parascolaires pour permettre aux jeunes apprenants de se distraire et d’utiliser tout leur potentiel est éminemment complexe, alerte-t-il. « La pauvreté des apprentissages fait qu’aujourd’hui 90% des jeunes sahéliens qui sortent du système éducatif, à la fin du primaire savent à peine lire ou calculer », chiffre-t-il, relevant que le niveau de financement du système éducatif dans son ensemble est faible. « La part moyenne du PIB consacrée au financement au Sahel ne dépasse pas 2%. Les bonnes pratiques suggèrent que ce niveau de dépense doit se situer autour de 4%, voire 6% ».  

Pour améliorer cette situation, l’économiste mauritanien propose que l’accent soit mis sur 3 points. En premier, la gouvernance du secteur éducatif. « Les ressources doivent être orientées et utilisées de manière efficace pour le développement d’un système éducatif inclusif qui donne les aptitudes aux apprenants et surtout aux filles et aux femmes. Ces jeunes citoyens sont porteurs de leur développement », préconise-t-il.

Ensuite, l’amélioration de la qualité du système et son approche de façon holistique, en s’appuyant sur des enseignants bien formés et motivés, avec un système d’apprentissage adapté et des curricula révisés, répondant aux contextes socio-économiques des pays et promouvant des valeurs de citoyenneté.

Enfin, Ousmane Diagana recommande qu’il y ait une éducation qui donne la chance et des compétences à tous pour permettre aux apprenants de disposer de savoirs et d’aptitudes leur permettant d’épouser les valeurs de leur milieu tout en ayant les qualifications pour répondre aux besoins de l’économie et donc du marché de travail.

Le développement se fera par les États et les populations du Sahel. « Il ne faut surtout pas songer à se substituer à eux. Les pays du Sahel peuvent avancer sur le chemin difficile d’une éducation de qualité pour tous. Il n’y a donc pas de fatalité », déclare-il, optimiste.