Au ferrick Koubou dans le canton Nangkessé, localité située à environ 8 Km de Doba, les agriculteurs et éleveurs vivent paisiblement ensemble depuis des années sans conflit.
A l’entrée du ferrick Koubou, l’ambiance est bien descriptible. Les enfants des éleveurs et ceux des agriculteurs, tous autour des jeux d’enfant, se partagent un moment de convivialité. Les adultes, eux, se partagent le repas autour d’une même table. Djimrassem François, enseignant reconverti en fermier fait savoir qu’il habite le ferrick depuis 2016.
Là, il a d’abord fait une haie vive pour éviter que les animaux ne viennent détruire ses plantes. “Après la haie vive, j’ai commencé avec la culture de contre-saison en plantant des citronniers, des bananiers, des papayers, des légumineuses, de moringa, des aubergines et quand la saison de pluie arrive, je me mets à travailler sur d’autres cultures comme l’arachide, le haricot, le maïs, le soja, le fonio” nous dit François. Parlant de rapport entre lui et les éleveurs qui sont tout autour, Djimrassem François dit que ces éleveurs habitaient le ferrick Koubou avant son arrivée et qu’au début, c’était un peu difficile de s’entendre mais peu à peu, ils finissent par se connaître et puis le bon vivre ensemble s’est installé tout seul entre eux. “Nos enfants et nos femmes et nous-mêmes leurs maris et pères, mangions ensemble, nous nous assistons en cas de maladie, de deuil et aussi des cérémonies religieuses. A chaque fois que j’ai besoin de fumiers, c’est eux qui me fournissent le plus souvent gratuitement pour faire mes travaux, bref il y a une nette collaboration, une nette entente et une nette complicité entre nous, ce qui nous a permis de déjouer même le plan de voleurs”, témoigne François. Entre nous, s’il y a un problème, nous réglons tout de suite à notre niveau, nous ne nous rendons jamais chez une quelconque autorité pour résoudre nos différends, renchérit-il.
“Même cette année, j’ai donné un hectare de mon champ à un éleveur pour labourer sans prendre l’argent, pas plus tard encore ce matin, quelques-uns d’entre eux sont venus acheter des moutons avec moi que je leur ai vendu à vil prix simplement pour les accompagner dans la fête de Tabaski. C’est ce que généralement, nous faisons entre nous”, fait savoir François.
Il n’a pas manqué d’appeler tous les éleveurs et agriculteurs de s’asseoir ensemble pour résoudre les conflits qui naîtront entre eux. Pour lui, le plus souvent, ces conflits résultent de la mauvaise volonté des bouviers à bien faire leur travail. Et si c’est le cas, il propose qu’il faut renvoyer ce bouvier récalcitrant et en chercher un autre, et puis, le respect des couloirs de transhumance doit être de mise, conclut-il.
Quant à Moussa Abakar Mahamat, Foulatah Bokolodji de son origine, par ailleurs chef de ferrick Koubou, c’est déjà depuis 14 ans que le ferrick a vu le jour. Depuis que nous nous sommes installés ici dans ce ferrick auprès de nos frères chrétiens, il n’y a pas de problème entre nous, c’est vrai, les petits pépins arrivent quand même mais cela ne nous amène pas au-delà de nos forces, nous arrivons toujours à résoudre simplement entre nous. Si mon boeuf détruit les champs d’un frère chrétien, rapidement, nous nous convoquons pour trouver une solution à l’amiable au risque que cela ne prenne une autre tournure. Nos enfants, nos femmes et nous-mêmes responsables, nous partageons des bons et mauvais moments ensemble sans distinction de religion et d’ethnie car dit-il, nous sommes tous créateurs d’un seul Dieu, le Dieu vivant, renchérit Moussa.
Correspondance de Tolobé Mbaïnaïssem Dieudonné à Doba