SANTÉLes faux médicaments (ou médicaments contrefaits) tuent des centaines de milliers de personnes et font des millions de victimes de maladies diverses chaque année sur le continent africain selon l’OMS, notamment en Afrique subsaharienne dont fait partie le Tchad.

Problème de santé publique d’un côté et véritable fléau économique de l’autre,  les faux médicaments alimentent les trafics de divers groupes (rebelles, bandits, terroristes, etc.) et créent un manque à gagner pour les États. Bien que le phénomène soit mondial, l’Afrique est le continent qui souffre le plus du trafic des médicaments falsifiés, de qualité inférieure. Le Tchad n’en est pas épargné.

Lire aussi: Santé : La Chine et l’Afrique doivent lutter conjointement contre les faux médicaments

Plus de 42 % des faux médicaments dans le monde sont écoulés en Afrique subsaharienne selon l’OMS. La lutte contre ce fléau est très difficile à mener face à des organisations mafieuses qui tirent de faramineux profits de la faiblesse des pouvoirs publics en place. Le fait est que ce sont pour la plupart des pays pauvres ayant des systèmes de santé très précaires et bancals. 1 dollar US investi par les trafiquants rapporte 500 fois plus selon l’IRCAM (Institut de recherche anti contrefaçon de médicaments). Le marché parallèle des médicaments représenterait environ 70 % du secteur mais avec des disparités en fonction des pays.

En Côte-d’Ivoire, par exemple, deuxième puissance économique d’Afrique de l’ouest, le marché illégal générerait approximativement 50 milliards de francs CFA contre 150 milliards pour le commerce légal de médicaments; soit le tiers. Au Tchad, les données sur la question font cruellement défaut. Malgré les textes juridiques en vigueur portant sur la santé publique, l’ampleur du phénomène n’est pas réduit, au contraire. Les abords des hôpitaux, les marchés, les rues pullulent de vendeurs de médicaments et produits sanitaires illicites ou contrefaits. Cela est dû à l’incohérence et à la faiblesse des cadres juridiques et au manque de réglementation pour les ventes, souvent informelles.

Lire aussi: Tchad : l’incinération de faux médicaments, l’ordre national des pharmaciens du Tchad réagit

Un vendeur de médicaments au marché Dembé rapporte que quasiment tous les commerçants de ce secteur s’approvisionnent au Nigeria. Étant grossiste, il jure que “les Tchoukou, les patients, les infirmiers du quartier, n’ayant pas les moyens, et même les pharmacies’’ se ravitaillent chez lui. Quelques rares pharmacies s’approvisionnent à la CPA (Centrale pharmaceutique d’achat). Il faut noter que les commerçants de médicaments sur les marchés n’ont aucune notion médicale. Même s’il y a quelques produits de qualité, la conservation laisse à désirer. Les produits sont empilés dans d’étroites pièces de tôles, dans la poussière, la chaleur et à des durées indéterminées.

“Les risques liés à la prise de faux médicaments sont légion. On peut énumérer : troubles cardiovasculaires, intoxications, affections chroniques, aggravation des pathologies car ces médicaments sont faits d’arsenic, de mort au rat et autres produits toxiques’’, explique Dr Joseph Ampil. “Impossible de distinguer le faux du vrai, tant les emballages sont semblables. D’un autre côté, les gens ne peuvent acheter des vrais médicaments, faute de moyens alors ils se rabattent sur les fournisseurs non agréés, qui proposent moins cher’’, constate l’OMS.

Ce fléau emporte par an plus de 120.000 enfants noirs africains de moins de 5 ans, du seul fait de la prise des antipaludéens de qualité inférieure, selon l’OMS.

BACTAR Frank I.