BAMAKO, 23 novembre (Xinhua) — Les difficultés de l’Afrique à faire face au terrorisme se situent au niveau de la gouvernance, de la formation des agents de sécurité et de l’échange des renseignements, selon des spécialistes interrogés par Xinhua

La première difficulté des Etats africains est la gouvernance au niveau des armées, estime Dr Etienne Fakaba Sissoko, directeur du Centre de recherche d’analyses politiques.

Par exemple, “le recrutement jusqu’à la promotion avec les grades qui sont donnés à nos militaires, la gouvernance au niveau du plan de carrière, tout cela est un problème”, explique-t-il.

Selon lui, “il y a un autre aspect de la gouvernance dans la gestion des fonds qui sont alloués aux budgets de nos armées. Pendant les dix ans d’ATT (Amadou Toumani Touré, ancien président malien de 2002 à 2012), il y avait toujours plus de 2 milliards 800.000 FCFA qui étaient alloués uniquement à la défense de notre pays. Malgré tous ces budgets colossaux, on ne voit absolument rien de concret qui ait véritablement changé”.

A son avis, “il faut d’abord arriver à régler cette question de la gouvernance autour de nos armées. La question de l’effectif de nos armées se pose la question, surtout de leur formation se pose. C’est là où la communauté internationale à travers les puissances telles que la Russie, peut-être la France, l’Allemagne surtout les Etats unis d’Amérique peuvent jouer un rôle crucial dans la formation de nos militaires”.

Pour le cas du Mali, Dr Sissoko, estime qu'”il faudra réactualiser tous les accords de défense signés avec la France, premier partenaire sur le plan du renseignement, de la formation, ensuite avec les USA”.

“Pour les USA, il faut réactualiser l’accord pour prendre en compte la nouvelle menace terroriste”, a-t-il ajouté.

“Dans les accords de défense signés avec les pays de la communauté internationale, la Chine n’intervient que dans le domaine économique au Mali. Dans le cadre de la lutte antiterroriste, la Chine doit intervenir au Mali, beaucoup sur le plan du renseignement et éventuellement du financement”, a-t-il ajouté.

Évoquant d’autres difficultés, M. Sissoko a indiqué qu’il y a au niveau sous-régional, les échanges d’informations qui doivent pouvoir se faire entre les Etats. “Mais à ce niveau le problème est que les Etats ne se font pas confiance”, a-t-il poursuivi en donnant l’exemple du Mali et de la Mauritanie.

“On sait que la Mauritanie a toujours servi pendant longtemps de base-arrière pour les groupes terroristes, les narcotrafiquants. Le Mali a cela en travers de la gorge. Il faut donc arriver à aplanir ces différentes situations pour véritablement sortir de ce bourbier”, a-t-il conclu.

Dramane Aliou Koné, président de la maison de la presse du Mali, a également expliqué qu’en matière de lutte contre le terrorisme en Afrique, “les difficultés se situent au niveau du dispositif sécuritaire, de la formation des agents de sécurité sans oublier le problème de moyens financiers qui est réel”.

Dans le cadre de la lutte antiterroriste, selon lui, les pays africains peuvent attendre des efforts de la communauté internationale dans beaucoup de domaines : “La formation des forces armées et de sécurité, l’appui technique et matériel”, entre autres.

Face à la presse dimanche, le président malien Ibrahim Boubacar Kéïta a souligné que son pays a bien fait d’accélérer la formation des forces spéciales maliennes qui “se sont montrées dignes” dans l’assaut contre les terroristes qui ont attaqué l’hôtel Radisson.

Au Mali, “un collectif budgétaire n’est pas à exclure, si nécessaire”, parce que selon le président malien “il faut que nous étoffions nos forces spéciales, qui doivent augmenter en nombre”.

Les pays membres de la communauté économique des Etats d’Afrique de l’ouest (CEDEAO) “ont adopté des mécanismes très performants en matière de libre circulation des personnes et de leurs bien”, ont rappelé dimanche les présidents malien et sénégalais Macky Sall, qui était en visite à Bamako. Compte de tenu de “la nouvelle menace terroriste”, ces deux chefs d’Etat estiment que ces mécanismes “doivent être revue” tout comme les “conditions de délivrances des documents administratifs”. Ces questions seront abordées lors d’un prochain sommet de la CEDEAO, ont-ils annoncé.