Le 27 avril 2021 une marche pacifique contre la prise du pouvoir par des militaires a fait une dizaine de morts. Une année après cette  manifestation réprimée tragiquement, quelle suite donne-t-on?  

Guelemalbe Ngarbelnang porte le cicatrice dans la marche du 27 avril 2021. A cette date, la plate-forme Wakit Tamma a appelé à une  opposition pacifique contre la confiscation du pouvoir par des militaires. Le 20 avril, quinze généraux de l’armée tchadienne annoncent à la télévision nationale, la mort du président Idriss Deby Itno. Ces derniers suspendent la Constitution et instaurent un Conseil militaire de transition (CMT). Aussitôt des appels à des marches ont été lancé sur l’ensemble du territoire national. Et celle du 27 avril a laissé des taches indélébiles.

Parmi les victimes, Guelemalbe Ngarbelnang en fait partie.  La vingtaine a été blessée par balle au tibia droit.  « J’étais au bord  du fleuve le Chari avec les amis, on entendait des détonations des armes. Alors, j’ai accouru vers la maison pour mettre à l’abris mes cadets », nous relate-t-il les faits d’une voix mélancolique. Une fois chez lui, l’étudiant en mécanique constate que ses petits ne sont pas là. Il se lance à leur recherche. Dans la rue, la situation est tendue : la force anti-émeute tire des gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants. Les marcheurs chantant un couplé de la tchadienne « la liberté naitra de ton courage » avançaient. Dans la mêlée, Guelemalbe Ngarbelnang est touché par balle au tibia droit. Le jeune homme baigne dans le sang.  

« Mes amis m’ont remorqué sur une moto. Les militaires ont barrés la route. Nous étions obligé zigzagué par le quartier pour arriver à l’hôpital Samaritain », se souvient encore Guelemalbe Ngarbelnang. Sur place, il reçoit les premiers soins. On lui confirme qu’il souffre d’une fracture au tibia. Immédiatement, la famille opte pour des soins traditionnels. Mais le 16 mai, il revient après des complications.   Guelemalbe Ngarbelnang fini par être opéré le 21 mai. Une première suivi d’une seconde et d’une troisième à la base française de N’Djamena et une quatrième est programmée pour le 28 avril pour la greffe de l’os. L’orphelin de père paye ces soins grâce à sa bourse car étudiant en cycle de master. Aujourd’hui, il se dit être abandonné et victime collatéral de la marche du 27 avril.  

Ce jour, Guelemalbe Ngarbelnang dit avoir échappé à la mort de justesse. Mais pas Allaramadji Eric, Garandi Sinna et autres militants du parti les Transformateurs.

Et ce matin au siège du parti, membre de la plateforme Wakit Tamma qui avait appelé à la marche, presque tout le monde est vêtu de noir en signe de deuil. Et le mot d’ordre est le même : « que la justice soit rendu aux martyrs marcheurs ».  Pour le président du parti, cette journée du 27 avril rappelle le courage de la liberté incarné par des jeunes tchadiend dont le plus âgé n’avait que 23 ans. «  Ils ont offert la plus grande chose qu’ils avaient pour la liberté et la dignité, la justice… ils ont offert leur vie »,  déclare la président, Masra Succès.

Selon lui, sa corporation politique n’a pas manqué un seul jour d’appeler  à ce que le résultat de l’enquête « qui nous a-t-on dit a commencé » soit présenté.  D’après le numéro 1 des Transformateurs, il est incomprehensible que pour d’autres crimes les autorités mettent de moyens pour retrouver les coupables et non pour ceux tombés le 27 avril 2021.  «  Nous exigeons que le résultat de l’enquête sorte pour dire qui les a abattus ? pour quelle raison ?  afin que la justice soit rendue, les familles soient indemnisées et leurs mémoires soient honorées », réclame le leader des Transformateurs.

Depuis cette répression, aucune enquête n’est officiellement annoncée. « Des dossiers sont constitués en « synergie » avec la famille des victimes et seront déposés devant les juridictions compétentes notamment à des instances internationales ». indique-t-il. « Quand je me suis engagé, j’ai dis à ma famille de faire son deuil. Et j’avance chaque jour comme si c’était le dernier. On n’arrive pas à la terre promise sans passer par le désert de l’engagement alors il n’y a pas de regret ».  Soutien le président Masra Succès.  

Pour lui, d’une manière ou d’une autre nous allons tous mourir. « Si vous ne trouvez pas une cause pour laquelle, vous êtes prêt à vivre, trouve une cause pour laquelle vous êtes prêt à mourir. Ils avaient trouver une cause pour laquelle, ils étaient prêt à vivre et les adepte de la mort les ont brutalement arraché à la vie »,  relève Masra Succès.  

Les contestations du 27 avril au 8 mai ont fait au moins 17 morts, plus de 100 interpellations selon les Transformateurs. Pour rendre au hommage à ces victimes, le parti dit baptisé ses bureaux au nom des victimes et va consacrer la semaine du 27 au mai 8 en commémoration à ces derniers.