Depuis hier, les avocats, notaires et huissiers sont en grève pour exiger le respect des droits humains et la justice au Tchad. Au palais de Justice, ce mot d’ordre est suivi et les activités tournent au ralenti.

A l’entrée du palais de Justice de N’Djaména, une dizaine d’agents de sécurité sont positionnés. Certains, étant debout, fouillent les visiteurs. A vue d’œil, les activités semblent se dérouler comme à l’accoutumée : des va-et-vient à n’en point finir, les véhicules de service garés au parking. A 12 heures, une audience est même en cours. « Ce sont des audiences qui se tiennent sans avocat », confie un greffier. « Ce ne sont pas tous les dossiers qui ont des avocats. Il y a des personnes qui refusent de commettre un avocat. Elles se défendent elles-mêmes », ajoute-t-il.

Bien que le palais présente sa fréquentation habituelle, notre interlocuteur assure que le climat est « morose ». « Surtout pour la tenue des audiences, vous voyez les affaires où il y a les avocats , on les renvoie systématiquement. Donc beaucoup d’audiences ne se sont pas tenues », relève-il.  

Dans les causeries entre collègues, en dehors ou à l’intérieur du palais, le manque d’activité occasionne de la lassitude. « Tu vas chercher à rentrer n’est-ce-pas ? puisqu’il n’y a rien à faire », demande un fonctionnaire à son compère. Sa réponse : « Oui, certainement ». « Cette situation fait que beaucoup ne viennent pas au travail », confie une source. De passage au palais de Justice, un avocat nous lance d’un air satisfait : « La grève est suivie à 100% ».

Cette grève de trois jours lancée par les avocats, huissiers et notaires intervient après la répression violente ( une quinzaine de morts) des manifestants par les forces de l’ordre à Abéché, et le massacre (une douzaine de morts) de Sandana, par des éleveurs. Ces professions libérales avaient marché le 21 février. Une manifestation sanctionnée par une déclaration dans laquelle il est notamment demandé aux autorités de nommer des administrateurs formés à la tête des entités étatiques et d’assurer le respect des droits humains.