Depuis son accession à l’indépendance le 11 août 1960, le Tchad connait d’innombrables crises socio-politiques. Les nombreux dialogues n’ont pas pour autant permis d’aplanir les divergences. De nouvelles assises doivent débuter le 15 février prochain.
Après la guerre civile de 1979, une série de conférences ont eu lieu à l’extérieur du pays. Les tendances se sont portées sur le Nigeria. « Entre mars et août 1979, il y avait eu quatre rencontres : Kano 1 (mars), Kano 2 (avril), Lagos 1 (mai), Lagos 2 (août) », enumère l’historien, Dr Dingammadji Arnaud.
A l’issue de la dernière rencontre, il y a eu la formation d’un gouvernement d’union nationale de transition (GUNT) présidé par Goukouni Weddey (G.W). « Je précise qu’entre mars et août 1979, il y avait eu un gouvernement très éphémère dirigé par Lol Mahamat Choua ».
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Le GUNT ne fera pas long feu. Car, il va s’éclater la guerre de 9 mois en mars 1980. « Elle opposait les Forces armées du nord (FAN) qui était dirigées par Hissène Habré, ministre de la Défense au reste des tendances membres du GUNT. Le GUNT avait remporté la bataille grâce à l’aide de la Lybie. Hissène Habré (H.H) s’est retiré au Soudan. Il y avait eu des tentatives de réconciliation entre G.W et H.H à travers les accords de Lomé 1 et 2. Chacun avait signé pour gagner du temps. C’était donc tactique », relève l’historien.
En mai 1981, Goukouni avait convoqué le séminaire des cadres à N’Djaména pour discuter de l’avenir du pays. En novembre de la même année, la guerre a repris. Avec l’aide de ses soutiens étrangers ( Egypte, Soudan, France, Etats-Unis), H.H a pu se réorganiser et a lancé une guerre éclaire qui lui a permis de renverser le GUNT en juin 1982.
Les divisions s’accentuent sous H.H. « Pendant 8 ans, la guerre faisait rage partout ( les éléments du GUNT réinstallés à Bardaï, la rébellion des codo au sud, au Lac Tchad, les troupes gouvernementales faisaient face à l’armée nigériane, les bandes armées du Conseil démocratique révolutionnaire (CDR) d’Acyl Ahmat et d’Acheikh Ibn Oumar au Salamat, Guera, etc.) ».
Cela a amené H.H à négocier. Des rencontres sous l’égide de l’Égypte puis de l’Organisation de l’unité africaine (OUA) ( à Addis- Abeba en janvier 84) ont été initiées. « La rencontre de Brazzaville 1 ( 84) Bamako ( avril 85), Brazzaville 2 ( juillet 85) , Il y avait eu avant les rencontres de Franceville puis de Libreville au Gabon qui n’ont pas marché. Elles ont échoué parce qu’il y avait de querelles de légitimité », estime Dr Dingammadji Arnaud.
Il y a également eu des accords avec des groupes non armés. « Le Comité d’action et de coordination du CDR qui est une dissidence du CDR d’Acheikh Ibn Oumar et qui était dirigé par Mahamat Senoussi ; le Front patriotique du Tchad (FPT) qui regroupait des partis hétéroclites créés à l’étranger et qui était dirigé par le général Djogo. Ces accords ont permis en janvier 1986, le retour d’exil de plusieurs personnalités. Certaines sont entrées dans le gouvernement. Il y a également la rencontre de Loubobo en 1986. Il y a aussi l’accord de Bagdad qui a permis le retour d’Acheikh Ibni Oumar », énumère l’historien.
Sous feu président Idriss Deby ( 30 ans), les frustrations demeurent. « il y a eu la Conférence nationale souveraine (CNS) tenue en 1993, la table ronde de Franceville, l’accord du 13 août 2007, la mise en place du Cadre national de dialogue politique (CNDP), les accords avec les mouvements rebelles, les deux fora, etc ».
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Des séries de rencontres qui n’ont visiblement pas permis de taire les querelles. Le Conseil militaire de transition (CMT), au pouvoir depuis la mort du président Déby le 20 avril 2021, prévoit organiser un dialogue national le 15 février prochain. Des assises qui suscitent beaucoup d’espoir.