Le Soudan et la Russie viennent de sceller un accord visant l’installation d’une base navale russe sur la côte de la mer Rouge, un pas décisif dans le renforcement de leurs liens stratégiques selon l’agence Reuters.

Lors d’une conférence de presse tenue à Moscou le 12 février dernier, le ministre soudanais des Affaires étrangères, Ali Youssef Al-Sharif, a affirmé que son pays et la Russie étaient « en parfait accord » sur ce projet, précisant qu’il n’existait « aucun obstacle » à sa concrétisation. Selon Reuters, cette initiative fait suite à une ambition de longue date de Moscou, qui cherche à établir une présence militaire près de Port-Soudan, véritable carrefour stratégique de la région.

Depuis plusieurs années, la Russie soutient diverses factions dans le conflit soudanais et œuvre pour accroître son influence en Afrique. L’accord, négocié à l’ère de l’ancien président Omar el-Béchir, prévoyait à l’origine une coopération de 25 ans pour la construction et l’exploitation de la base navale. Après la chute d’el-Béchir en 2019, le gouvernement militaire soudanais avait alors suspendu l’engagement afin d’en réexaminer les modalités à la lumière des nouveaux enjeux politiques.

Aujourd’hui, malgré la guerre civile qui sévit depuis 2023, les responsables affichent un optimisme mesuré en évoquant la « facilité » de la mise en œuvre de ce projet. Toutefois, l’instabilité interne et le contexte régional complexe pourraient constituer des défis majeurs. Les analystes soulignent en outre que cette coopération s’inscrit dans une stratégie globale de Moscou, visant à contourner les restrictions occidentales et à renforcer sa présence sur le continent africain. Si la base se concrétise, elle permettra à la Russie d’affirmer sa position sur les voies maritimes de la mer Rouge et de redéfinir l’équilibre géopolitique dans une région en pleine mutation.

Eric Ngarlem Toldé