Dans un communiqué officiel publié ce samedi 7 juin, le Rwanda a annoncé son retrait immédiat de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC), à l’issue du 26ᵉ sommet ordinaire tenu à Malabo, en Guinée équatoriale. Cette décision, qualifiée de « sans précédent » par des observateurs, fait suite à des tensions croissantes avec la République démocratique du Congo (RDC), accusée par Kigali d’instrumentaliser l’organisation régionale avec le soutien de certains États membres.
Le gouvernement rwandais pointe du doigt une violation flagrante des textes constitutifs de la CEEAC, notamment l’article 6 du traité, qui stipule le principe de la présidence rotative. Selon Kigali, « le droit du Rwanda à la présidence rotative a été délibérément ignoré pour imposer le diktat de la RDC ». Cette situation, selon le communiqué, illustre les « dérives » d’une organisation qui, aux yeux du Rwanda, ne respecte plus ses propres règles.
Ce n’est pas la première fois que Kigali dénonce ce qu’il perçoit comme une marginalisation au sein de la CEEAC. En mars 2023, le Rwanda avait déjà protesté contre son exclusion du 22ᵉ sommet ordinaire organisé à Kinshasa, sous la présidence de la RDC. Dans une lettre adressée au président en exercice de l’Union africaine, Kigali avait alors déploré le « silence et l’inaction » des autres membres face à cette exclusion. « Ce nouvel épisode confirme l’échec de l’organisation à faire respecter ses principes fondateurs », indique le communiqué rwandais.
Le retrait du Rwanda intervient dans un contexte de blocage autour de la désignation du nouveau président de la conférence des chefs d’État de la CEEAC, initialement prévue lors du sommet de Malabo. La RDC s’est opposée au transfert de la présidence de la Guinée équatoriale au Rwanda, paralysant ainsi le processus. Malgré deux réunions à huis clos organisées en marge du comité ministériel du 4 juin à Malabo pour apaiser les tensions entre Kinshasa et Kigali, aucun compromis n’a été trouvé.
Ce départ fragilise davantage la cohésion de la CEEAC, déjà marquée par des différends politiques et des rivalités régionales. Le Rwanda, qui juge désormais l’organisation « contraire à ses principes et à son utilité », appelle à une réforme profonde des mécanismes régionaux pour garantir leur impartialité et leur efficacité. En attendant, Kigali se tourne vers d’autres cadres de coopération, notamment au sein de la Communauté de l’Afrique de l’Est (EAC), où il joue un rôle actif.