Au palais de justice de N’Djaména, les acteurs judiciaires travaillent dans une promiscuité insoutenable. Ils exigent la construction d’un palais à la hauteur du pouvoir qu’ils incarnent.

Comme d’habitude, le palais de justice de N’Djaména reçoit en nombre les justiciables et leurs proches. Par manque de bancs et chaises, ils sont obligés, ce 22 mars, de s’asseoir à même le sol ou se tiennent debout. Dans le noir, les visages lugubres, ils attendent impatiemment d’être reçus par les procureurs.

Dans la cour, les véhicules, certains hors d’usage, et motos de quelques fonctionnaires chanceux se frottent. La cour étant pleine, d’autres garent leurs engins au-dehors. Des cas de vol sont rapportés.

A la taille d’une boutique d’une banlieue, les bureaux des magistrats se suivent et se ressemblent. Le tribunal de travail se trouve dans un logement reconverti. Jusqu’à quatre juges y travaillent, informe Abdoulaye Bono Kono, vice-président du Syndicat des magistrats du Tchad (SMT). A cause de l’exiguïté du bureau, ces magistrats ne peuvent pas tous y être au même moment.

Dans la salle principale des audiences, les meubles sont vétustes. Les installations électriques fonctionnent cahin-caha. Pire, l’on observe de l’urine gardée dans des bidons. Pourtant, à l’entrée, un gendarme est posté. ’’Nous avons tant décrié nos conditions de travail et là nous sommes forcés de les présenter à l’opinion publique parce que tout le temps on fait l’objet de critiques. On nous jette à la pâture’’, dénonce Abdoulaye Bono Kono.

En longeant certains couloirs du palais, l’on continue de constater un spectacle désolant. Si les 4e et 6e substituts du procureur sont dans un même bureau, un conseiller de la Cour d’appel, a dû échafauder son bureau dans un couloir. ‘’Dans des telles conditions, si ça continue, ce sont les cadavres des magistrats qu’on viendra soutirer de ces décombres. Vous aviez vu les fissures, ça va s’écrouler un jour’’, alerte le vice-président du SMT. Dans certaines provinces, ‘’les audiences sont tenues sous les arbres’’.

Plus de 200 acteurs judiciaires travaillent au sein de ce palais. Abdoulaye Bono Kono interpelle les autorités, au premier rang, le président de transition qui les accable régulièrement de critiques. ‘’Les juges n’ont pas de robe. Il faut construire un palais gigantesque et digne de ce nom. Il nous faut des moyens de travail. Que chacun s’assume’’.