Dans de nombreuses localités de la province du Lac, le naira est exigé comme monnaie d’échanges par des commerçants. Une absurdité quand on sait que le pays n’utilise que le F CFA.  

Située à la frontière du Niger et du Nigeria, la province du Lac est l’une des plus pauvres du pays. L’une des routes nationales qui relie la province au reste du pays s’arrête à Ngouri, les voyageurs sont donc obligés de parcourir d’autres villes et villages de la province en roulant sur du sable, et en utilisant le GPS ou en ayant recours aux guides locaux, pour ne pas se perdre.

Le Lac accueille aussi de nombreux réfugiés, déplacés et retournés. Ils sont pris en charge par une trentaine d’ONG nationales et internationales. La province fait aussi face à un manque criard d’eau potable et d’électricité. Dans les villes comme Baga Sola, Liwa, les pompes à motricité humaine sont installées, ainsi que les panneaux électriques. Comme si cela ne suffisait pas, certains commerçants, s’érigent en maître des lieux en imposant à la clientèle le naira, la devise nigériane.

Ils n’ont rien à cirer de la monnaie nationale. Ils présentent les prix des marchandises en naira allant même vous imposer d’échanger le F.CFA par cette monnaie étrangère. Auquel cas, il vous est simplement demandé de renoncer à l’achat.  Avec tous les désagréments qui s’ensuivent. La province étant pratiquement fermé, il est difficile voire impossible d’avoir les produits voulus à temps et à une distance raisonnable.  Une situation accentuée par les attaques de Boko Haram, qui rendent compliquer certains déplacements.

Le comble est que cette monnaie est systématiquement supérieure au F.CFA, quelles que soient les tendances sur le marché. C’est « à prendre ou à laisser ». L’attitude de ces commerçants s’assimilent à de l’arrogance et au dédain. Des produits qui ne bénéficient pas de bonnes conditions de conservation comme le poisson, la mangue, comme ne trouvant pas de preneur dans certains cas, à cause de cette attitude condescendante, sont rejetés dans la nature sans état d’âme. De toute façon, il y en à gogo, dit-on.

A ce rythme, le Lac pourrait bien devenir une province à part qui ne comprendrait que le langage en naira. Rien que le naira ! Sachant que les jeunes commerçants, nés et grandis dans ce système, perpétuent cette pratique qui choque plus d’un ressortissant d’autres provinces.