Le musée régional de Sarh, province du Moyen-Chari, traverse de nombreuses difficultés.  

Créé en 1962, le musée régional de Sarh n’a ouvert ses portes qu’à partir de 1968. La raison : il ne disposait pas de « banques de données ». Cronier Emil, un chercheur français, de passage au Tchad, avait notamment contribué à garnir ses compartiments.

Saradoumngué Yamadjita, le conservateur de ce musée, explique que par la force des choses, ce musée a pu faire son chemin. « A mon arrivée, j’ai trouvé des objets qui étaient dans une salle d’habitation d’un ancien sous-préfet rural. Il a abandonné ce bâtiment à cause de sa vétusté. Je me suis plains et j’ai pu avoir un crédit de 2 ou 3 millions qui m’a permis de réhabiliter le lieu », relate-t-il.

Dans une des salles de ce petit musée, il y a des monnaies non marchandes. Elles servaient par exemple à doter les filles. « Chaque groupe ethnique a sa manière de fabriquer sa monnaie. Il y a la monnaie Sarah Kaba ; la monnaie Faya, un sous-groupe Sarah Kaba. Il y a aussi une monnaie internationale utilisée beaucoup plus dans le Nord du Tchad », détaille-t-il.  

La tenue de Rabah

A l’intérieur d’une autre salle, est exposée une tenue du conquérant Rabah tué en 1900 par les colons français. Il y a aussi une liste des souverains du Kanem du XI au XIV siècle. Des calebasses, balafons, cauris datés de la période coloniale sont disposés dans le noir. « Nous n’avons pas l’électricité », déplore Saradoumgué.

«Ça fait douze ans, depuis qu’on a négocié la réfection de ce bâtiment, sommairement par l’Union européenne, on n’a pas reçu un petit crédit. Même le matériel accessoire, mobilier, nous n’avons rien  reçu. Ça fait douze ans que nous n’avons pas bénéficié d’une rame de feuilles du ministère de la Culture », raconte le conservateur. Il demande aux autorités de penser à ce musée qui regorge un patrimoine culturel important du pays.