Pour donner une seconde chance aux enfants déscolarisées, l’Etat tchadien a créé un centre national pour leur encadrement. Malgré les difficultés, cette structure tente de donner le sourire à ses 300 apprenants.

Il est 8 heures ce samedi 27 novembre. Les élèves du centre national pour l’encadrement et la formation des déscolarisés nettoient l’espace maraîcher. Dans ces murs au 8e arrondissement de la ville de N’Djmena, le climat est un peu glacial ce matin.  Cela semble n’avoir aucun effet sur les enfants. Dans la masse, Saleh Seid est le plus distinctif. 

17 ans, 1,60m, teint noir, Saleh Seid est le plus âgé de sa classe. Logiquement, le natif de la province du Guera, devrait être au niveau secondaire à l’école formelle. Mais le voilà encore au niveau III (l’équivalent de Cours élémentaire 1) dans ce centre. « Je n’ai pas pu fréquenter convenablement, tantôt à cause du manque de moyens, tantôt par manque de suivi », explique-t-il. Son père vit dans la province du Lac, sa mère dans le Guera. Et lui en train d’errer çà et là, sans véritable encadrement. Il a failli tout perdre.

Le centre national pour l’encadrement et la formation des déscolarisés et non scolarisés de N’Djari, Saleh Seid l’a intégré grâce à son oncle qui l’a recueilli à N’Djamena. « Grâce à lui, j’ai retrouvé le chemin de l’école », baragouine-t-il en français. Comme lui, de nombreux enfants des familles démunies ont retrouvé le chemin des salles de classe grâce à ce centre.

Créé en 2009, le centre national d’accueil pour l’encadrement et la formation des déscolarisés et non scolarisés de N’Djari est une structure publique et laïque. Il est placé sous la direction de l’éducation non formelle du ministère de l’Education nationale et de la Promotion civique. Il accueille les enfants âgés de 9 à 14 ans, exclus du système de l’enseignement formel. « Mais on admet aussi ceux qui ont au-delà de 14 ans », rassure le directeur du centre, Mahamat Abdelkérim Youssouf.

Le centre est créé pour donner une seconde chance aux enfants qui n’ont pas eu la chance d’aller à l’école, faute de moyens, des événements.  Car, selon la Convention internationale des droits de l’enfant (CIDE), l’éducation fait partie des droits fondamentaux.

Au niveau de ce centre, la formation est à la fois théorique et pratique, explique le directeur de l’établissement. En tant que structure spécialisée, le centre compte quatre niveaux. Pour la pratique, le centre dispose de trois modules : la menuiserie, la couture et le maraîchage. Ce, dans le but de promouvoir les petits métiers à ces apprenants pour leur insertion dans la vie active.

Saleh Seid, lui, se plaît à la couture. « Je veux devenir tailleur donc je m’applique beaucoup plus à l’atelier couture », confie-t-il. Ce jeune déscolarisé espère bien après la fin de sa formation être son propre patron. Tenir son atelier de couture et employer des personnes.

La durée de formation au sein de ce centre est de quatre ans. Après ces années, ces apprenants ont la possibilité soit de continuer soit au collège technique soit à l’enseignement général. « Le choix leur revient en tout cas », se résume le directeur du centre.

Chaque enfant a droit à l’éducation et à des possibilités d’apprentissage de qualité, selon l’article 28 de la CIDE. C’est dans cet esprit que les inscriptions dans ce centre sont gratuites. Pour l’année scolaire 2021-2022, le centre compte environ 300 apprenants. Malgré les difficultés d’ordre financier, le centre fonctionne avec une cantine scolaire. « On leur offre un repas modeste aux heures de pause, question de les aider à tenir pour les séances de formation », indique le directeur de la structure. Ce qui manque à cette structure est une unité de soins. Mais pour Saleh Seid et les autres apprenants, l’essentiel c’est d’être à l’école, apprendre à lire, compter, écrire.