Le canton Kara situé à environ 60Km de Doba dans le département de la Pendé, province du Logone oriental, constituait le nid de l’excision. Depuis un certain temps, Kara a tourné le dos à cette pratique. Le chef de ce canton que nous avons rencontré ce 31 mai 2024 nous en donne plus de détails.
Considéré comme le canton où l’excision est pratiquée par excellence , Kara s’est désormais engagé à mettre fin à cette pratique depuis quelques années. L’excision est une pratique qui consiste à couper le clitoris d’une jeune fille ou femme mariée ou non. Ce phénomène s’est beaucoup plus développé dans la sous-préfecture de Kara par le passé causant la perte en vies humaines de plusieurs jeunes filles et aussi les exposant aux maladies transmissibles ( SIDA) suite aux objets souillés utilisés, à savoir la lame de gillette ou couteau tranchant.
Après des multiples sensibilisations menées par les ONG nationales et internationales ainsi que par le gouvernement suite à l’ordonnance numéro 006 interdisant cette pratique, le canton Kara arrive à prendre conscience.
Rencontré à ce sujet, le chef dudit canton Moïse Alladoumngar Didalnan laisse entendre que l’excision se pratiquait il y a de cela 3 à 4 ans dans toute la sous-préfecture de Kara faisant assez de victimes qui sont pour la plupart des jeunes filles et certaines femmes âgées.
Pour lui, lorsque ces dernières se font exciser, rares sont celles qui échappent aux conséquences néfastes telles que la perte énorme de sang, les morts subites lors des accouchements causées par le rétrécissement de bassin, le VIH SIDA et autres maladies transmissibles par les objets souillés. Pour le chef de canton, freiner l’excision à Kara n’est pas chose aisée. “J’ai eu à envoyer plusieurs exciseuses en prison, j’ai tenu plusieurs rencontres avec les chefs des 39 villages de mon canton ainsi que les personnes ressources pour leur donner des instructions fermes afin de barrer la route à l’excision. J’ai organisé une mission de sensibilisation dans tous ces 39 villages pour attirer l’attention des populations sur les effets néfastes de l’excision à court et à long terme dans la vie des excisées”, relate-t-il.
Pour le chef, toute personne qui tente de parler de l’excision sous n’importe quelle forme doit être appréhendée et remise à la justice. Tout chef de village qui se hasarde à autoriser ou qui ferme les yeux sur cette pratique, se verra relevé automatiquement de ses fonctions, prévient Moïse Alladoumngar Didalnan.
Le chef de canton de poursuivre que si une personne s’est cachée à se faire exciser ailleurs avant de revenir, celle-là est séance tenante punie. Selon le chef, Kara est une sous-préfecture qui dispose de deux cantons alors si l’on parle de l’excision à Kara cette année, ce sera des allégations mensongères. Dans le canton Koutoutou, il ne peut pas se prononcer mais dans son ressort administratif, tout se passe sous son strict contrôle grâce à ses réseaux installés partout dans les 39 villages.
Correspondance de Tolobé Mbaïnaïssem Dieudonné à Doba.